Accueil
COP24 : le luxe du déni face au réchauffement climatique
Partager

COP24 : le luxe du déni face au réchauffement climatique

RCF,  -  Modifié le 5 décembre 2018
Alors que la COP24 s'ouvre en Pologne, Cyrille Frey appelle à une réflexion mondiale des conséquences de la pollution sur les hommes et les territoires.
podcast image par défaut

Une COP24 qui ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices…
 
Non. Il y a trois ans la COP21 faisait l’objet d’une médiatisation conséquente, et pas qu’en France, elle suscitait l’espoir. Depuis, les attentats et les derniers épisodes de la crise économique sont passés par là et aujourd’hui on se retrouve déjà au numéro 24 sans que rien n’ait changé ou presque. Il ne va y être question que d’équilibre international comme s’il s’agissait d’un de ces sommets où les puissants se partagent le monde, une de ces confrontations idéologiques style guerre froide, alors que c’est un chantier qui devrait tous nous unir !

Est-ce qu’il n’est pas logique que les pays les plus pauvres aient d’autres priorités ?
 
Paradoxalement non, et de fait, ça fait partie de leurs priorités du moins pour certains ! J’ai eu la chance d’assister à la conférence LaudatoSi 18 organisée début juillet au Vatican avec des représentants engagés du monde entier. Des chrétiens du Kenya ou d’Inde ont témoigné que ce qui inquiète la jeunesse de leur pays, c’est la pollution et les conséquences du réchauffement climatique. D’autres venus de diverses îles du Pacifique voient littéralement leur pays englouti. Pour des raisons disons géophysiques, ces territoires sont plus fragiles, plus exposés aux ouragans ; les sols y sont plus minces donc plus sensibles à l’érosion, la déforestation signifie la perte rapide du sol pour la culture.

L’urgence écologique, climatique mais pas que, se manifeste beaucoup plus durement dans ces pays que chez nous où les climats tempérés ont une plus grande inertie. La crise écologique c’est une hypothèque énorme pour toute forme de développement. Et d’ailleurs lors de la même conférence les représentants de ces pays ont montré comment ils agissaient pour s’unir, dans le bassin de l’Amazone, ou du fleuve Congo, pour lutter contre la déforestation par exemple.
 
Mais les scientifiques prédisent l’apocalypse, ils répètent tous les ans que c’est la dernière année, et finalement est-ce que c’est si catastrophique ?
 
Tous les ans, on réduit aussi l’ambition de limiter le réchauffement ! On a parlé d’1,5°C, aujourd’hui on dit que 2 ça va être dur, et la catastrophe, elle est déjà sur nous. La banquise fond à une vitesse jamais vue, la montée des eaux menace dans le Pacifique ou dans l’océan Indien. En Inde, on a des sécheresses à répétition avec une agriculture déjà économiquement fragile, c’est une tragédie humaine avec 40 suicides d’agriculteurs par jour. En Afrique, la désertification jette les migrants sur les routes. D’un bout à l’autre du monde la crise écologique vient aggraver tous les déséquilibres existants. Mais à ce rythme ce sont les pauvres qui nous donneront des leçons. C’est nous qui nous payons le luxe du déni.

Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

  • Ce don ne me coûte que 0.00 € après déduction fiscale

  • 80

    Ce don ne me coûte que 27.20 € après déduction fiscale

  • 100

    Ce don ne me coûte que 34.00 € après déduction fiscale

Faire un don