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Coronavirus: "on fait trop de communication" explique le docteur Yves Charpak
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Coronavirus: "on fait trop de communication" explique le docteur Yves Charpak

RCF,  -  Modifié le 4 février 2020
Un mois après l’apparition en Chine des premiers malades du coronavirus, une vingtaine de pays sont aujourd’hui concernés par cette épidémie.
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Le nombre de personnes infectées par le coronavirus ne cesse d’augmenter. Le nombre de morts a dépassé les 400 personnes. Une épidémie qui a provoqué la réaction de la communauté internationale, qui s’organise pour contenir la maladie, et soigner les personnes malades. Un contexte auquel est habitué Yves Charpak. Il est médecin, épidémiologiste, chercheur, et spécialiste de Santé publique.
 

"La Chine a réagit très vite"

Le nouveau coronavirus a été identifié le 7 janvier dernier par les autorités chinoises. "C’est un virus qui fait partie d’une classe que l’on connaît. Les coronavirus, c’est le rhume. Un virus comme il y en a des centaines en circulation un peu partout. Ce qui est inquiétant, c’est que le réservoir de virus est illimité dans le monde. Et l’on n’a pas fini de voir des épidémies liées à des virus. Heureusement, le monde est beaucoup mieux préparé qu’il ne l’était il y a 20 ans, quand a eu lieu la crise du SRAS" explique-t-il.

Et même si le nombre de morts du coronavirus a dépassé celui du SRAS, Yves Charpak affirme que les autorités sanitaires mondiales sont mieux préparées pour détecter ce qui se passe immédiatement, pour réagir. "La Chine a réagi très vite. Elle a des moyens incomparables par rapport à l’époque du SRAS. Et à la suite du SRAS, et de la grippe aviaire, les États-membres de l’OMS ont demandé à l’OMS de réviser ce qui s’appelle le règlement sanitaire international, un outil réglementaire pour mettre en commun les moyens et se préparer aux crises" ajoute-t-il.
 

"Une action collective impressionnante"

Quand un virus nouveau se manifeste, il y a toujours des incertitudes, explique Yves Charpak. "C’est un virus respiratoire, on va tousser, avoir de la fièvre. Il y a des cas très graves, d’autres beaucoup moins. Tous ces paramètres qui font la diffusion d’une épidémie, qui font que cela va aller plus ou moins vite, que des gens vont mourir, que l’on aura du mal à soigner, sont des paramètres nouveaux pour chaque virus" lance le médecin, qui appelle à la patience, et au fait d’accepter que l’on ne puisse pas tout savoir tout de suite sur ce virus.

Sur le plan international, le médecin défend la réaction de la Chine, parfois pointée du doigt dans sa réaction au coronavirus. "La Chine a réagi vite. On lui reproche parfois d’en faire trop avec la mise en quarantaine de certaines villes. Mais personne ne sait dans le fond ce qu’il faudrait faire. La Chine a une action collective extrêmement impressionnante" lance ce spécialiste de la Santé publique, qui rappelle finalement que l’on a tendance à reprocher à autrui ce que l’on n’est pas capable de faire.
 

La France est bien préparée

Un premier décès hors de Chine, lié au coronavirus, a été constaté aux Philippines. "Je vais être un peu brutal, mais il n’y a pas de raison qu’il n’y ait pas de décès hors de Chine. Il faut s’inquiéter et en même temps, on assiste au début de quelque chose. Avec un peu de chance, espérons que l’épidémie ne va pas exploser partout dans le monde avec les mesures qui sont prises. Mais pour l’instant on est plutôt dans une phase de croissance" analyse le médecin.

S’agissant de la France, Yves Charpak estime que "l’on est quand même bien préparé. La France s’est préparée dans le cadre du règlement sanitaire international, comme tous les pays, et même plus que les autres. Il existe un centre de l’OMS à Lyon qui fait la formation de tous les professionnels qui doivent réagir en cas d’alerte sanitaire international. On est un peu en pointe sur la préparation. On a des hôpitaux qui sont prêts à accueillir des patients en isolement" rassure le médecin, qui conclut en estimant qu’aujourd’hui, "on fait trop de communication, mais qu’on n’en fait pas assez".

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