Accueil
Cynthia Fleury: "le soin, c'est ce qui fonde notre humanisme"
Partager

Cynthia Fleury: "le soin, c'est ce qui fonde notre humanisme"

RCF,  -  Modifié le 5 septembre 2019
Si le soin est le baromètre de notre société, alors cette dernière se porte mal. Décryptage d'une société en manque d'humanisme, avec Cynthia Fleury.
RCF RCF

Cynthia Fleury est philosophe, psychanalyste. Elle travaille sur les questions du soin. Elle est titulaire de la chaire Humanité et Santé au Conservatoire national des Arts et Métiers. Elle est enfin l’auteur de "Le soin est un humanisme" (éd. Gallimard).
 

"Les corps se fatiguent, encaissent"

En ouverture de ce dernier opus, Cynthia Fleury pose quelques mois sur des Français croisés sur des ronds-points, ici et ailleurs. Des Gilets jaunes usés, selon elle. "Il y a plusieurs vitesses de société, parce que les pressions qui chosifient l’individu sont très fortes. Pressions économiques, numériques, narcissiques. Petit à petit, les corps encaissent, mais pas nécessairement avec les moyens de résister" explique-t-elle.

S’en suivent des stratégies de contournement du soin. "Le soin ça prend du temps, et l’on n’a plus de temps. Le soin renvoie à une conscience de soi, alors que l’on se blinde. Et le soin coûte cher. Il y a une culture du soin qui attend des summums de non-prévention et de non-soin. Donc les corps se fatiguent alors que l’on est dans une société d’allongement de la vie, et de jeunisme à tout crin" ajoute Cynthia Fleury. Une situation anormale dans un État de droit de la qualité du nôtre.
 

Le soin, "c'est ce qui fonde notre humanisme"

Pourtant, pour Cynthia Fleury, cette capacité à prendre soin fonde notre humanité, entre autres choses. "C’est ce qui fonde notre humanisme. Ce pas de plus dans l’humanisme a lieu avec le fait de prendre soin. On sacralise un lien à l’autre. Et on considère que c’est ce qui nous inscrit dans l’espace temps d’aujourd’hui" précise la philosophe qui estime que le déni n’est pas une solution. "Il faut sortir du déni et avoir une approche capacitaire de la vulnérabilité. Dédramatiser, prendre en considération".

La ministre de la Santé a annoncé cette semaine des mesures en faveur du personnel de services des urgences. Un mal-être révélateur pour Cynthia Fleury. "C’est le dernier bastion de la confiance dans l’institution. L’inconditionnalité du soin est le grand rêve de l’État providence. La pression réificatrice s’abat sur les urgences, avec des conséquences graves. Il faut repenser ces lieux de soin, et prendre soin des soignants. Quoi qu’on en dise, quand on est malade, c’est plus compliqué de soigner les autres" conclut-elle.

Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

  • Ce don ne me coûte que 0.00 € après déduction fiscale

  • 80

    Ce don ne me coûte que 27.20 € après déduction fiscale

  • 100

    Ce don ne me coûte que 34.00 € après déduction fiscale

Faire un don