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"​Dépendre de l’autre n’est pas être indigne"
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"​Dépendre de l’autre n’est pas être indigne"

RCF,  -  Modifié le 30 juin 2020
Chaque lundi Philippe de la Chapelle vous propose son éditorial.
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Jacqueline Jencquel est cette femme qui a programmé son suicide assisté en Suisse pour ses 75 ans. Elle en a parlé dans plusieurs médias. Cette médiatisation a pu blesser de nombreuses personnes dépendantes.

« Notre voix n’est peut-être pas passée sur BFM à une heure de grande écoute, mais elle est pourtant force de témoignage. Elle porte la douleur de notre chair blessée. C’est celle qui tisse des liens, et qui dans l’invisible du quotidien, trace une route de vie. Avec force et courage. » Ils sont quatre à conclure ainsi une tribune parue sur le FigaroVox. Deux femmes et deux hommes qui tous portent un handicap moteur. Ils réagissent ainsi aux propos tenus par Jacqueline Jencquel annonçant sa prochaine euthanasie dans plusieurs médias ces dernières semaines.

Pourquoi a-t-elle décidé d’organiser son suicide pour ses 75 ans, en janvier 2020 ? « Je ne veux pas puer -dit-elle avec mépris - devenir dépendante, avoir des infirmières, qu’on me torche, qu’on s’occupe de moi ». Son interview est ainsi jalonnée de remarques et de réflexions, souvent vulgaires, qui stigmatisent les personnes en situation de dépendances, mais aussi ceux qui en prennent soin.

« Madame Jencquel, nous voulons vous dire que vous êtes unique et importante, et vous le seriez encore, quand bien même vous seriez dans la plus profonde dépendance… Nous assumons notre dépendance -disent-ils encore- car nous savons que ce n’est pas être dégradé… C’est ce que nous avons de plus précieux que nous offrons, notre corps et notre cœur blessés ».

Et ces personnes handicapées de saluer l’engagement des infirmières et autres soignants et aidants familiaux qui consacrent temps, énergie et inventivité pour rendre leur vie confortable. « Nous, personnes handicapées, nous offrons à d’autres la possibilité de donner le meilleur d’eux-mêmes pour nous aider à vivre. Être interdépendants, cela veut dire tisser des liens et devenir passeurs de vie. » Cette foi en la force du lien est puissante : « Il est dur de souffrir, -reconnaissent-ils- mais la souffrance, quand elle est accompagnée, se traverse ».

Ces personnes sont très respectueuses vis-à-vis de Madame Jencquel, alors mêmes que ses propos sont plein de violence à leur endroit, même si c’est probablement  involontaire. Oui, Stéphanie. Mais on est touché aussi et surtout par leur colère à l’endroit de ces médias qui relaient complaisamment ce discours. Car pour une Madame Jencquel, ce sont des milliers de personnes handicapées, qui font le choix jour après jour de croire en la vie au-delà de tout. Ils nous précèdent pour tracer le chemin « d’une société dans laquelle nous pouvons prendre soin les uns des autres » selon leurs propres mots.

Leur donner le micro nous ouvrirait à une espérance collective dont nous avons infiniment plus besoin que les propos tristement mortifères de Madame Jencquel.

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