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Depuis l'âge de 19 ans, Valentine Cuny Le Callet correspond avec un détenu du couloir de la mort
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Depuis l'âge de 19 ans, Valentine Cuny Le Callet correspond avec un détenu du couloir de la mort

RCF,  -  Modifié le 14 février 2020
Valentine Cuny Le Callet correspond depuis plusieurs années avec un détenu américain condamné à mort. De cette correspondance est née une amitié.
Valentine Cuny Le Callet Valentine Cuny Le Callet

Cette amitié avec ce détenu, Renaldo McGirth, Valentine Cuny Le Callet la raconte dans un très beau livre publié chez Stock : "Le monde dans 5m2". Un livre qui retrace quatre ans d’échanges. "Je corresponds via l’ACAT. Dans leur programme de correspondance, on s’inscrit, et quelque temps plus tard on reçoit simplement un nom et une adresse. Je me suis refusé d’aller taper son nom sur Google, pour voir pourquoi il avait été condamné. Je voulais qu’on commence à armes égales" explique-t-elle.
 

Quelqu'un de combatif

Renaldo McGirth, ajoute Valentine Cuny Le Callet, a fait toute sa vie d’adulte en prison. "Il a été arrêté à 18 ans pour le meurtre d’une femme retraitée lors d’un braquage qui a mal tourné. À vingt ans, il a été condamné à mort. Il se définit par une immense ténacité et une immense résilience par rapport à ça. Toute sa culture, il l’a fait en prison. C’est quelqu’un de combatif et de créatif jusqu’au bout" explique l’auteur de "Le monde dans 5m2".

La procédure d’une condamnation à mort est assez longue et compliquée aux Etats-Unis. "En 2016, la Floride s’est rendue compte que cela faisait des années qu’elle appliquait des condamnations à mort anticonstitutionnelles. Plus de 200 condamnés ont ainsi vu leur condamnation déclarée anticonstitutionnelle. Ils doivent bénéficier d’une resentence, tout un processus qui n’est pas un nouveau jugement, mais une nouvelle condamnation. Et il y a deux possibilités : soit se faire condamner à mort, soit se faire condamner à la prison à vie. C’est ce qu’attend Renaldo" rappelle Valentine Cuny Le Callet.
 

Plus de 166 condamnés à mort innocentés

"Quand je parle de ça avec des amis, ou des gens qui ne connaissent pas l’univers carcéral, certains me disent qu’ils préfèreraient presque être condamnés à mort plutôt que de passer leur vie derrière les barreaux. C’est quelque chose que l’on peut dire que quand on est libre. Les détenus, les condamnés, font tout pour se construire une vie. Ces efforts là sont inestimables, admirables, et ne doivent surtout pas être balayés d’un revers de la main" lance-t-elle.

Au début de cette histoire, Valentine Cuny Le Callet n’a pas voulu savoir les raisons de la condamnation de Renaldo. Se pose néanmoins la question de l’innocence. "De mon point de vue, personne ne devrait être condamné à mort. Je suis tombée sur un homme noir condamné à mort à 20 ans. J’aurai pu tomber sur un suprémaciste blanc de 50 ans ayant commis les pires horreurs. Cela ne change rien à ma conviction. Depuis 1976, il y a eu aux États-Unis plus de 166 condamnés à mort innocentés" précise l’auteur.
 

"L'endroit où il vit, c'est son espace intérieur"

Renaldo McGirth vit dans une cellule de 5m2. "C’est un endroit nu où il passe 23 heures sur 24. Il ne peut rien accrocher au mur. Toutes ses affaires personnelles tiennent dans une caisse en métal. L’endroit où il vit, c’est son espace intérieur, sa correspondance, cette fenêtre qu’il a sur le monde. C’est pour cela que c’est important. Renaldo travaille énormément, il lit, il dessine, il écrit, des poèmes, des chansons" explique Valentine Cuny Le Callet.

"J’avais une vision artistique de la peine de mort au travers des films. J’ai commencé à avoir une vision plus politisée quand j’ai découvert que 50% de la population française était pour son rétablissement. Un chiffre qui est passé à 52% en 2015 après les attentats. J’ai eu envie de m’engager à mon niveau. J’ai voulu écrire" conclut-elle.

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