Accueil
Dites 49.3
Partager

Dites 49.3

RCF,  -  Modifié le 26 février 2020
Mais où en est-on de la réforme des retraites ? On fait le point avec François Ernenwein

Tout le monde déclare ne pas en vouloir. Et pourtant le recours à l’article 49.3 de la Constitution qui permet de faire passer un texte sans vote n’a jamais été aussi probable pour faire adopter la réforme des retraites à l’Assemblée nationale.

Cette éventualité, si elle advient, ne fera que des perdants, à la fois dans le camp de l’opposition à ce texte, qui pratiquait - droite et gauche confondues – une obstruction massive. Mais tout autant dans le camp de des promoteurs de la réforme qui, en choisissant d’accélérer le tempo de son adoption, seront accusés d’avoir choisi le passage en force.

L’histoire de la réforme des retraites, pas encore écrite, est profondément révélatrice des carences dans la culture démocratique en France.

L’incapacité du pouvoir en place à utiliser efficacement les voies et les moyens de compromis pour conduire une réforme. L’art de la manœuvre et un sens raisonnable du rapport de force politique manquent au « nouveau monde » d’Emmanuel Macron.  Ces changements, ici et maintenant, auraient imposé de ne pas prétendre confondre une réforme systémique et une ambition de rééquilibrage des comptes des caisses de retraite. Ces questions, toutes importantes, auraient pu être gérées par un étalement dans le temps. Qui trop embrasse mal étreint…

Le mépris constant du rôle des corps intermédiaires qu’on consulte certes. Mais avec lesquels on s’abstient de négocier. Au point de prétendre se priver, un temps, pour une réforme comme la retraite par points du soutien de syndicats qui y étaient favorables (CFDT, Unsa). Et de faire ainsi descendre pendant des semaines un nombre considérable de manifestants dans la rue. Enfin, l’incapacité de certains partenaires sociaux (représentants des salariés ou des patrons) à entrer dans une culture des compromis utiles qui permettent d’avancer.

A l'Assemblée nationale 

Les débats  à l’Assemblée nationale ne sont alors que l’extrapolation sur le terrain politique de la bataille sociale.

Le chaos s’est installé au parlement entre d’une part :

La volonté du pouvoir, alors que rien ne l’imposait vraiment, de faire adopter un texte en première lecture avant les élections municipales. Même au prix d’absence de clarté sur les contenus précis des bouleversements contenus dans la réforme et la volonté partagée des oppositions, d’autre part, de s’afficher  comme les meilleurs remparts à ces changements  par la multiplication d’amendements  visant  une clarification. Mais avec cette ambition principale d’organiser l’obstruction, une autre manière de refuser la discussion.

Quelles conséquences alors ?

Notons que les Français observent – au minimum perplexes- ces jeux de rôles un peu absurdes qui ne grandissent ni le débat en France, ni le respect des institutions, indispensables dans une   démocratie apaisée.

Au final, tout cela devrait se terminer par un recours à l’article 49.3 qui minera durablement la réputation de cette réforme. Chaque camp de se défendra alors de l’avoir voulu, tout en étant parfaitement complice d’un tel aboutissement. Dans le même temps, l’extrême droite engrange, sans le dire, les bénéfices probables de ce délitement démocratique
 

Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

  • Ce don ne me coûte que 0.00 € après déduction fiscale

  • 80

    Ce don ne me coûte que 27.20 € après déduction fiscale

  • 100

    Ce don ne me coûte que 34.00 € après déduction fiscale

Faire un don