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Donner coeur et voir avec le coeur
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Donner coeur et voir avec le coeur

RCF,  -  Modifié le 26 janvier 2019
Benard Devert vous propose chaque vendredi son éditorial.
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Au moment où est projeté sur les écrans, Les Invisibles, la Mairie de Paris, dans son programme réinventer Paris, met en lumière l’attention aux personnes fragilisées, en cohérence avec l’ouverture de la maison commune à des femmes victimes de l’indifférence jusqu’à n’avoir point de toit. Habitat et Humanisme a l’honneur de se voir attribuer la réhabilitation de logements sociaux sur la place des Vosges, un site magnifique, accessible aux personnes aisées, influentes sur le plan économique, politique et médiatique. Des invisibles trouveront une place dans un espace qui demeurait jusque-là impensable pour eux.
 
La Société a besoin de symboles. Cette opération met en exergue une avancée de la fraternité ; l’heure n’est pas de la bouder. Le grand débat national, dès la première rencontre, fit remonter combien était insupportée la fracture sociale et son violent ressenti d’iniquité. Jacques Chirac, déjà en 1995, promettait d’en découdre avec cette déchirure qui ne fut pas étrangère à son élection. L’eau a coulé sous les ponts. Combien de naufragés sont emportés par cette fracture sociale, une colossale facture pour la Nation et un gâchis inestimable sur le plan humain.
 
Il serait injuste de penser que le législateur n’a rien fait. La loi SRU du 13 décembre 2000, notamment son article 55, la loi Egalité et Citoyenneté du 27 janvier 2017, la loi ELAN du 13 décembre 2018 concourent à réduire des inégalités. Force est de constater que le législatif a des effets, pour le moins relatifs face à la peur du changement et aux crispations. La place des Vosges est à cet égard une petite lumière d’ouverture. Le plan pauvreté de M. Emmanuel Macron met une priorité sur l’enfant afin que son avenir ne soit pas détruit. Cependant, si cette juste attention n’est pas suivie d’une politique de l’aménagement du territoire, les quartiers pauvres abriteront longtemps encore les "invisibles", observant leur absence dans ce mouvement secouant le Pays.
 
Le film "Les Invisibles" de Louis-Julien Petit se termine par l’évacuation de ces femmes au motif que l’accompagnement proposé ne correspond pas aux normes administratives. Quand comprendra-t-on que, seul, le cœur suscite le champ de nouveaux possibles. Les forces de l’ordre venues accompagner l’expulsion regardent, médusées, ces femmes quitter joyeusement l’espace où elles ont retrouvé la fierté d’exister, l’estime de soi ; rien ne pourra leur enlever ce trésor qu’elles ont recueilli de haute lutte. Le désordre a changé de côté. "Ô fraternité, quand tu nous tiens, l’audace nous étreint".

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