La reprise économique est "très nette" depuis le déconfinement progressif lancé à la mi-mai, il y a un mois précisément, après un mois d’avril qui "restera dans les annales comme l’un des pires qu’ai connu l’économie française en temps de paix", selon l’Insee. En avril, l’activité avait chuté de 29%, près d’un tiers, du jamais vu, même au pire de la crise financière de 2008-2009. En mai, on était à moins 22% et désormais, on est à -12%.
Elle a été favorisée par le choix fait par le gouvernement de mettre l’économie "sous anesthésie". Près de 9 millions de personnes ont bénéficié pour tout ou partie du chômage partiel, soit près de la moitié de la population active, ce qui leur a permis de garder 84% de leur salaire net. De leur côté, les très petites entreprises, les indépendants et les autoentrepreneurs ont bénéficié d’un important fonds de solidarité, ce qui a permis de limiter à 3% la perte de revenus des ménages en avril. Ça a permis un net rebond de la consommation.
Dès les premières semaines de mai, certaines dépenses, reportées pour cause de fermeture des magasins, avaient déjà fortement augmenté par exemple chez les concessionnaires auto. Et ce mouvement de "rattrapage" se poursuit en juin comme le montrent les transactions par cartes bancaires et les données des caisses des magasins. La consommation des ménages ne serait plus, en juin, que 5% au-dessous du niveau normal. Toute la question est, maintenant, de savoir si cet appétit de consommation va durer.
On ne peut pas dire quand l’économie française sera revenue à son niveau d’avant-crise parce que le choc a été différent suivant les secteurs. Certains sont restés quasiment à l’arrêt, comme le transport aérien, d’autres reprennent très lentement, comme les transports publics. Les déplacements domicile-travail, que l’Insee a estimé à l’aide des données des téléphones mobiles, sont restés à 40% au-dessous du niveau du niveau d’avant confinement. Et puis, il est très difficile de savoir quelles seront les répercussions des protocoles de sécurité sur la productivité du travail.
En fait, dit l’Insee, tout dépend se savoir si les entreprises vont investir et si les Français vont consommer les quelque 100 milliards d’euros qu’ils ont mis de côté durant le confinement, ou s’ils seront prudents, notamment du fait de la forte montée du chômage, qui a progressé d’un demi-million ce printemps. S’ajoute à cela l’incertitude concernant une deuxième vague épidémique, qui continue à planer dans certains pays, dont la Chine.