​Enquêter oui mais comment ?

L’Église catholique, partout dans le monde, est plongée dans une crise très grave. Ce scandale des agressions sexuelles, de la pédocriminalité est tel qu’il ébranle ses fondements, elle qui repose sur la parole donnée, sur la confiance, sur le don. Toutes choses piétinées par ces crimes comme par l’omerta qui les a couverts. Nul ne peut s’aventurer aujourd’hui à dire comment elle pourra sortir de ce séisme. Mais au moins pouvons-nous dire que toute son énergie doit être tendue à faire la vérité, à mettre en œuvre la justice et à réformer ce qui doit l’être.

Le pape François vient de renvoyer de l’état clérical deux évêques chiliens, décision inédite dans l’histoire contemporaine de l’Église. Sans parler de l’acceptation de la démission de l’archevêque de New York.
En France, la pétition du journal Témoignage Chrétien réclamant une enquête parlementaire a obtenu pas loin de 30.000 signatures en quelques jours. Avec la lassitude de tant de catholiques et la colère de beaucoup, c’est là le signe que les choses ne peuvent décidément rester en l’état. Mais comment faire pour bien faire ? Ou plus modestement, comment faire pour faire au mieux ?

Ce 17 octobre, la commission des lois doit se prononcer sur la conformité de cette possible commission parlementaire. Alors qu’avec beaucoup d’autres, y compris dans la Conférence des Évêques de France, comme l’a exprimé Mgr Pontier, nous nous accordons sur une commission impartiale et indépendante aux pouvoirs larges, je m’interroge sur la justesse d’une saisine qui ne concernait que l’Église. Des parlementaires souhaitent faire la vérité sur les agissements de l’Église. Parfait. Mais la protection des enfants ne saurait connaître de division. Pourrait-elle alors ne pas investiguer aussi l’institution scolaire, celle de la protection de l’enfance et les institutions sportives ? Afin de rendre les institutions de notre société, dont l’Église, un peu plus sûres pour les plus vulnérables.

Et à Église, par-dessus le marché, de prendre tous les moyens nécessaires pour qu’enfin vérité et justice se rencontrent. Alors de cet infini malheur, de tant de douleurs causées aurait-elle enfin appris, pour que demain soit radicalement différent.