Environnement: la France a accumulé 33 ans de dette écologique depuis les années 60

D’après un rapport du WWF France réalisé en partenariat avec le Global Footprint Network, la France a déjà consommé l’équivalent de ce que le pays peut produire en un an. Il s’agit de la fameuse date du dépassement écologique.
 

Si toute l’humanité émettait autant de carbone et consommait autant que la France, elle aurait besoin de l’équivalent de 2,9 planètes Terre pour subvenir à ses besoins. Si la planète était une entreprise, elle serait au bord de la faillite ?

"Chaque année, nous consommons pour nous loger, nous chauffer, nous alimenter, en seulement quatre mois, plus que la Terre est capable de nous offrir en un an. Et nous émettons plus de carbone que ce que les océans et les forêts peuvent absorber" explique Valérie Gramond, directrice des programmes de conservation au WWF France.
 

Malgré la prise de conscience qu’on a vu ces dernières années, et l’accord de Paris sur le climat, les choses n’évoluent pas ?

"La prise de conscience n’est pas encore assez forte. C’est une question de rythme. A ce rythme-là, nous n’aurons plus un seul poisson dans la mer en trente ans. Depuis les années 70, 58 % des animaux ont disparu. Ce constat est alarmant. Notre train de vie écologique n’est pas en phase avec ce que la nature peut nous fournir. Depuis les années 60, la France a cumulé 33 ans de dette écologique" ajoute Valérie Gramond.
 

Ce que le rapport précise, c’est que nous connaissons toutes les solutions pour diminuer notre empreinte. Mais on ne les applique pas. Cela représente trop d’efforts ?

"Ces réformes sont techniquement connues et économiquement souhaitables. L’exemple le plus marquant c’est la consommation de produits bio qui a bondi de 20 %. Une croissance qu’aucun autre secteur économique ne connait. Au niveau mondial, les énergies renouvelables ont le vent en poupe avec 32 % d’installations solaires en plus en 2017. Et la France est à la traîne. Les solutions sont accessibles à tous" précise-t-elle.
 

Des petits gestes du quotidien, et une volonté politique à mettre en œuvre ?

"Bien sûr. C’est une question de choix politique. Aujourd’hui le gouvernement a toutes les cartes en main pour prendre des décisions attendues dans les domaines de l’alimentation, de la mobilité, pour inverser la tendance. Aujourd’hui le président de la République souhaite jouer un rôle diplomatique majeur face aux Etats-Unis. Il est difficile de donner des leçons alors que nous dépensons trois fois plus que ce que nous devrions consommer" conclut Valérie Gramond.