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Et si les journalistes nous sauvaient du chaos ?
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Et si les journalistes nous sauvaient du chaos ?

RCF,  -  Modifié le 7 janvier 2019
Antoine Guggenheim vous propose son éditorial.
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Personne n’est content des médias, tout le monde les critique… parce qu’ils laissent émerger le débat critique.

On peut faire partie d’une communauté Facebook et tout aimer, tout "liker", chez ses « amis »… sans en être plus intelligent. On peut s’isoler dans les palais de la République, peuplés de merveilleux techniciens, diplômés des mêmes promotions des mêmes écoles, dites « grandes » alors qu’elles enseignent la petite compétition et l’entre-soi.

Mais sur les plateaux télé, dans les rédactions de la presse écrite, sur les ondes des radios, ce sont tous les avis qui s’expriment et qui débattent. Plus ou moins bien, certes, et parfois très mal. Car la presse n’est pas libre… pour plein de raisons. Pas seulement à cause des actionnaires, mais aussi de l’audimat, de la course au scoop, de la fascination facile pour ce qui angoisse le public… Mais, si l’on cherche la société civile quelque part en France, et dans le monde démocratique, c’est bien dans la presse – au sens large du terme – qu’on la trouve aujourd’hui.

Car si les médias dans une démocratie moderne, hypermoderne même, n’existaient pas, il se passerait en cas de crise ce qui se passe dans les régimes autoritaires : l’affrontement insurrectionnel. Entre la parole du gouvernement, déconsidérée par définition aux yeux de ceux qui défilent dans les rues, ou qui font grève, et la parole de la foule, qui doit elle aussi être mise en doute quand elle prétend qu’elle est le peuple, les journalistes font un travail qui dissipe les incompréhensions, éloigne l’explosion et fait mûrir les solutions.

Quand tout va bien, peuple et gouvernement font bon ménage. Dans les tensions, l’insurrection gronde. L’incompréhension, la peur et la haine s’installent. Les journalistes créent l’espace médiateur où la violence, qui attire les uns et effraie les autres, peut librement, non sans peine, devenir cris, puis paroles, puis écoute. C’est pourquoi la démocratie interdit au gouvernement, mais aussi à la foule, de s’en prendre à la presse, non pas d’une interdiction juridique seulement, ni même morale, mais politique. Car la démocratie donne le pouvoir à la société civile, et la société civile exprime son pouvoir aujourd’hui surtout par le travail des médias.

Les médias ne font pas la crise – pas plus que les syndicats ne la faisaient. Ils n’ont pas non plus "choisi leur camp". Ressentir le contraire est bien sûr naturel, puisque nous avons tous nos partis-pris et que l’espace médiatique est celui du débat. Leur raison et leur lieu d’existence, c’est l’entre-deux du gouvernement et du peuple, des industries et des consommateurs, des institutions et des citoyens. La presse n’est pas libre, mais elle est source de liberté.

Les journalistes introduisent un peu de neutralité – et un peu de neutralité, c’est déjà difficile à supporter pour tout le monde… Quand le climat est à la passion, il n’y a rien là qui puissent les faire aimer par les enflammés, ou les "enfoirés" ! Que personne ne se sente visé…

Les journalistes, qui sont l’âme des médias, pourraient-ils faire mieux ? A eux de le dire !! On l’espère… En chacun sommeille le bon, la brute et le truand, comme en chacun de nous. Que puis-je leur souhaiter en ce début d’année : plus d’enquêtes, moins de tweets, plus de temps libre… plus de reconnaissance. Et bien sûr faison renaître d'autres lieux où la société civile s'exprime !
 

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