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Eternuement
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Eternuement

RCF,  -  Modifié le 2 avril 2020
En temps de pandémie, éternuer peut-être mal vu, il nous faut même apprendre à éternuer avec discrétion. Mais, tiens, d'où vient-il ce mot ?
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Bien, voilà une nouvelle pratique qui s’installe avec la pandémie : ne plus éternuer comme on nous l’avait appris en mettant sa main devant sa bouche mais éternuer dans son coude, pour ne pas contaminer ensuite en tenant une autre main ou quelque chose, un objet alors contaminé. Mais ce mot éternuement mérite aussi explication, d’où vient-il en effet ? Le mot vient du latin, précisément de sernutare, avec le même sens et c’est au XIe siècle qu’on atteste du mot en français, à l’époque esternuder, puis très vite en 1176, esternuer. Et j’aime beaucoup la première définition du verbe éternuer, sans trop de poésie, celle Richelet en 1680 dans son Dictionnaire françois : « Eternuer Ce mot se dit du cerveau qui se décharge par les narines. Il a éternué cinq ou six fois. Je ne fais qu’éternuer » Et quant à « l’éternuement, il est défini par Furetière de manière peu ragoutante : « Esternuement. Convulsion du cerveau par laquelle il se dégage de quelques ventosités ou humidités qui l’incommodent, lesquelles sorte par le nez avec effort é altération du visage. » Et il évoque la tradition antique qui fait dire « à vos souhaits », sans l’expliquer.

En fait, l’éternuement sous l’Antiquité signalait un esprit divin venant à passer et auquel il fallait adresser ses vœux avant qu’il ne s’enfuit. D’où l’interjection amicale des témoins de l’ami éternuant censé touché par un esprit et à qui on dit « À tes souhaits ». Mais j’ai dans ma collection de dictionnaires paru en 1818 un Dictionnaire infernal qui offre d’autres interprétations. Je le lis : « On vous salue quand vous éternuez, écrit son auteur Collin de Plancy, pour vous marquer, dit Aristote, qu’on honore votre cerveau, le siège du bon sens et de l’esprit. » Et de citer une superstition fort drôle. En fait dans le Sultanat de Sennar, quand celui-ci se rendit aux troupes égyptiennes en 1821, voici ce qu’on put observer : « Lorsque le roi de Sennar éternue, ses courtisans lui tournent le dos, en se donnant de la main une claque sur la fesse droite ». Bon, j’ai hâte que vous éternuiez, et je me mettrai une claque sur la fesse droite. Après on m’enfermera dans un asile d’aliénés…

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