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Evaëlle avait 11 ans...
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Evaëlle avait 11 ans...

RCF,  -  Modifié le 3 juillet 2019
Evaëlle avait 11 ans, elle était victime de harcèlement scolaire et elle a mis fin à ses jours.
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Elle a été tuée plus exactement. Par ses harceleurs, par les adultes qui n’ont pas agi ou qui ont mal agi. Et si le harcèlement scolaire ne mène heureusement pas toujours à un tel drame, il est encore beaucoup trop fréquent et laisse toujours des séquelles à vie. Les parents d’Evaëlle avaient déjà porté plainte en février, elle avait changé d’établissement mais ses harceleurs l’ont poursuivi, son traumatisme ne s’est pas résorbé.  

Les enfants, les adolescents en particulier, peuvent être d’une cruauté terrible, inconscients des conséquences de leurs actes. La responsabilité des adultes est fondamentale. Bien sûr, cela commence par protéger, réconforter, identifier les signaux qui indiquent qu’un enfant est victime de harcèlement. Cela passe aussi par l’éducation, en particulier à l’empathie. "L’ambition de faire le bien est la seule qui compte" disait Baden-Powell, le fondateur du scoutisme. Il est indispensable d’apprendre aux enfants à aimer, à se mettre à la place des autres, à protéger, à respecter la dignité de chacun et chacune. C’est aux adultes de rappeler qu’il n’y a pas de bonne taille, de trop grand ou de trop petit, de trop gros ou de trop mince, qu’on peut aimer la musique qu’on veut, etc... Chaque fois que des adultes forcent des enfants à rentrer dans des normes, à se conformer à des standards, on apporte de l’eau au moulin des harceleurs.

Cette éducation, c’est aussi permettre aux victimes de parler, les écouter et les prendre au sérieux, leur redire que jamais, jamais, elles n’ont été coupables de quoi que ce soit. Mais il arrive également que les adultes légitiment les attitudes de harcèlement des enfants entre eux. Quand un enseignant insinue que telle classe est nulle, que tel élève n’a rien compris, quand un enseignant encourage la compétition, humilie ou stigmatise un élève, alors, par son exemple, il donne l’autorisation tacite aux autres élèves de s’acharner.
 

Et vous faites le lien avec la lutte contre les violences éducatives...

Le projet de loi contre les violences éducatives ordinaires, que nous avions déjà évoqué ici, a été définitivement adopté par le Sénat hier. C’est une excellente nouvelle. Les adultes ont encore trop tendance à utiliser le chantage, les menaces, les moqueries en prétextant que ce serait éducatif. C’est bien ce type de comportement qui valide les violences des enfants entre eux.

Lutter contre le harcèlement passe donc bien aussi par la lutte contre les violences dites éducatives et pas uniquement dans le cadre scolaire. Il se trouve qu’Evaëlle était guide. Son groupe scout était son ballon d’oxygène. Il n’a pas été suffisant mais au moins, on sait qu’elle avait un endroit où elle pouvait profiter et vivre normalement avec des jeunes de son âge. Mais nous savons bien que des situations de harcèlement peuvent aussi se développer dans un groupe scout si les chefs et cheftaines ne mettent pas en place un cadre sécurisant et bientraitant, si l’attention aux autres et à leur bien-être n’est pas au cœur des projets pédagogiques.

Pour Evaëlle, pour ses parents, pour tous les enfants profondément blessés par le harcèlement, nous nous devons de renouveler notre mobilisation éducative pour la bientraitance.

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