Ezatwazir Tarakhail a quitté l’Afghanistan en 2014 pour rejoindre la France. "En Afghanistan, il y a la guerre depuis 1974 et nous avons eu beaucoup de problèmes, qui arrivent finalement dans les familles, avec les talibans. Je n’avais pas le choix que de quitter l’Afghanistan. J’habitais dans une province contrôlée aujourd’hui à 80 % par les talibans, où nous étions menacé en permanence" explique ce réfugié politique.
Quitter l’Afghanistan pour rejoindre la France n’est pas une mince affaire. "Je suis passé par plusieurs pays jusqu’à la France, comme l’Iran, la Turquie, la Bulgarie, la Serbie, la Hongrie. C’était un voyage très difficile. Cela a pris six mois. En Iran, nous nous sommes fait tirer dessus. Nous étions 130 personnes. 40 % des personnes qui étaient avec moi sont tombées" ajoute Ezatwazir Tarakhail.
Partir de son pays était une décision très compliquée pour Ezatwazir Tarakhail. "Je suis le seul de ma famille qui travaille. C’était très compliqué mais en même temps je n’avais pas le choix" précise ce réfugié politique qui avoue toujours faire des cauchemars, quand il repense à ce périple qui l’a poussé d’Afghanistan jusqu’à la France. "Quand je me souviens de certaines choses, j’ai peur. Même ici" confesse-t-il.
Le voyage qu’a entrepris Ezatwazir Tarakhail serait plus compliqué aujourd’hui. "Aujourd’hui, c’est beaucoup plus difficile en effet. Tout est complètement bloqué en Hongrie et en Bulgarie. En Bulgarie, nous étions traités très mal. En traversant la frontière avec la Turquie, ils ont lâché au moins 18 chiens sur nous" ajoute-t-il.
La France n’était pas un choix en particulier. "Quand nous avons quitté l’Afghanistan, on cherchait un endroit pour être en paix et refaire notre vie, là où elle ne serait pas en danger. Quand nous sommes arrivés en Iran, c’était alors impossible de rester là-bas. Même chose en Turquie et en Bulgarie, en Allemagne et en Italie. Quand je suis arrivé à Paris, quelques personnes m’ont aidé et cela m’a beaucoup touché. J’ai été bien accueilli par des gens, pas par des gouvernements" admet-il.
Arrivé en France, Ezatwazir Tarakhail attendra deux ans avant d’obtenir finalement des papiers. "Je suis arrivé à Gare de l’Est. Je suis allé à France Terre d’Asile dans le 18ème. J’ai déposé ma demande, et ils m’ont donné un rendez-vous dans trois mois, à la préfecture, pour mes empreintes. Durant ces trois mois, je n’avais pas de ressources, ni d’argent, ni d’aide médicale. Après mon rendez-vous à la préfecture, j’ai encore attendu deux mois sans ressources, vivant avec plusieurs Afghans à la sortie d’une autoroute" explique ce réfugié.
Quand on est dans l’errance, il faut pourtant bien occuper ses journées. Ezatwazir Tarakhail a profité de ce temps pour apprendre le français. "Je suis allé à la bibliothèque pour apprendre le français et j’ai toujours cherché des endroits où je pouvais être au calme et apprendre quelque chose. J’ai appris le français tout seul dans la bibliothèque de Beaubourg. Maintenant, je suis avec plusieurs associations pour aider les réfugiés en traduction" ajoute-t-il.
Aujourd’hui, Ezatwazir Tarakhail est à son tour engagé auprès des plus pauvres. Il travaille notamment pour l'association Aurore. "Quand je suis arrivé ici, personne ne pouvait traduire ce que je disais. Je me suis dit qu’il fallait que j’aide les personnes dans leurs démarches" lance-t-il, reconnaissant qu’il parle plusieurs langues employées en Afghanistan et en Iran, mais également l’anglais et désormais le français. Si la guerre se termine dans son pays, il n'exclut pas d'y retourner un jour, pour retrouver sa famille, qui lui manque.
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