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Face aux gilets jaunes "il n’y a qu’une seule voie : celle de la vérité partagée"
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Face aux gilets jaunes "il n’y a qu’une seule voie : celle de la vérité partagée"

RCF,  -  Modifié le 4 décembre 2018
Dans son éditorial Jean-Marie Valentin vous propose une réflexion pour expliquer les causes de la tension sociale persistante.
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Comment comprenez-vous la crise des gilets jaunes ?

C’est une crise de confiance qui procède d’une crise de la vérité. Le fait de lier "hausse d’impôts" et transition écologique est une entorse à la vérité. C’est un peu comme si on nous disait qu’augmenter la TVA sur la baguette de pain allait solutionner la faim dans le monde. Alors les gens disent "stop on n’a plus confiance, on ne sait pas sur quoi repose vos décisions mais certainement pas sur la vérité". Et tout est remis en question jusqu’à la légitimité du chef.

Quel est le rapport avec l’entreprise ?

Cette situation est très proche de celle que l’on rencontre dans les conflits sociaux. Lorsque j’étais avocat j’ai eu l’occasion d’intervenir à plusieurs reprises dans le cadre de restructurations à forts enjeux sociaux, notamment aux côtés des représentants des salariés. Des restructurations qui donnaient lieu à des conflits, des occupations d’usines et des séquestrations de dirigeants. Et je me suis aperçu que bien loin des caricatures, le principal moteur de ces conflits sociaux violents était le rapport à la vérité.

Comme lorsqu’une fermeture d’usine est clairement un arbitrage compétitif en faveur d’une autre usine dans le monde à plus faibles coûts et que la direction déroule des éléments de langage que tout le monde sait faux pour expliquer le contraire. J’ai vu des représentants des salariés devenir fous de voir en face d’eux des managers de transition leur raconter des bêtises avec une sorte d’arrogance qui signifiait : vous pouvez toujours gueuler, cette fermeture aura lieu, c’est pour ça qu’on nous paie. Et le pire, c’est que ces managers étaient finalement satisfaits de rendre fous les représentants des salariés puisque cela leur permettait de dénoncer leur radicalité et leur incapacité à comprendre le monde. Comme aujourd’hui, le gouvernement face aux gilets jaunes.

Et comment sort-on de ce genre d’impasse ?

Pour sortir de l’impasse selon les principes qui nous animent, il n’y a qu’une seule voie : celle de la vérité partagée. Et celle-ci implique 3 choses :
La première : l’acceptation - par ceux qui dirigent - que la vérité puisse être celle de l’autre, qu’il soit gilet jaune ou représentant des salariés. Le dirigeant se faisant contemplatif : personne n’ayant à lui seul le monopole du bien commun.
La deuxième chose est la considération - de ceux qui dirigent - pour l’autre, en commençant par les plus fragiles, le dirigeant se faisant serviteur pour les affirmer dans leur dignité.
Enfin, il faut un chef en première ligne, capable d’aimer l’autre comme nous le rappelle le général de Villiers dans son dernier ouvrage, avec la pleine autorité pour décider et engager en conséquence les voies et moyens nécessaires, le dirigeant se faisant subsidiaire pour faire grandir la communauté dont il a la charge. C’est en trouvant cette voie de vérité que l’on forme une véritable communauté de travail en situation de crise et j’imagine une véritable communauté nationale.

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