Fake politique

Le président Macron entend faire voter une loi contre les fake news, en français : fausses informations. Théories du complot, rumeurs, erreurs : si l’école n’est pas parvenue à inculquer aux consciences le sens critique, la justice se chargera de pénaliser ceux qui en manquent et ceux qui en profitent.

S’il peut paraître judicieux de stopper la diffusion de ce genre de fausses nouvelles, de mettre fin à la fausse liberté de désinformer, on peut s’interroger toutefois sur la possibilité d’éduquer toute une population à l’esprit critique.

Faudra-t- il imaginer un Discours de la méthode à l’usage de la nation ? Enseigner aux internautes les préceptes cartésiens pour forger un esprit sûr de soi mais méfiant de tout ?

Aux côtés des fake news, nous semble proliférer une fake politique, une politique du discours creux, qui ne dit rien, n’envisage rien, n’énonce rien, mais qui se contente de généralités et de platitudes. Il y a peu on déplorait la fin des idéologies, voici venue très probablement la fin des idées tout court. Après la langue de bois, la langue de vide et de vent. Une langue politique sans politique, en quelque sorte, sans ambition ni vision pour aujourd’hui et demain.

L’économiste et politicien Schumpeter, dans les années 1940-1950, déplorait que la politique en démocratie devienne l’équivalent de slogans publicitaires : les procédés appliqués à la fabrication des problèmes passionnant l'opinion, (…) sont – disait-il – exactement similaires à ceux mis en œuvre par la publicité commerciale. Nous y retrouvons les mêmes subterfuges (…), ainsi que le même artifice, visant à créer une conviction à coups d'affirmations réitérées, qui atteint son but dans la mesure même où il dispense de présenter des arguments rationnels qui risqueraient de réveiller les facultés critiques du public.

Nous sommes en 1942. Des guerres et des révolutions numériques plus tard, il n’a jamais été aussi urgent de dénoncer la fake politique, la politique faite de mots creux et de discours vides.