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Familles de djihadistes: pour Marie Dosé, "il y a bien plus de risques à les laisser là-bas"
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Familles de djihadistes: pour Marie Dosé, "il y a bien plus de risques à les laisser là-bas"

RCF,  -  Modifié le 13 février 2020
Comment la justice française agit-elle face à la menace terroriste ? La peur de l’attentat ne nous fait pas nous éloigner des principes mêmes de notre système judiciaire ?
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Marie Dosé est avocate. Elle s’est spécialisée dans les affaires de terrorisme. Elle est l’auteur de "Les victoires de Daesh" (éd. Plon). "Dès 2012, 2013, j’ai eu des familles qui sont venues à mon cabinet en nous demandant de les aider. On a prévue les services de renseignement, ils ne peuvent rien faire pour nous. Tout cela vient d’abord de parents inquiets, et de familles inquiètes" explique-t-elle notamment. Un parcours qui l’a poussée aujourd’hui  à défendre ces femmes et ces enfants de Daesh, aujourd’hui placées dans des camps au Moyen-Orient.
 

Un "Guantanamo pour enfants"

Une situation particulière qu’elle connait bien. "Il y a environ 70 hommes dans les prisons du Kurdistan syrien, une centaine de femmes dans les camps avec 300 enfants français, dont les deux-tiers ont moins de six ans. Les hommes sont séparés des femmes. Les femmes sont dans des prisons à ciel ouvert. Certains ont même appelé ça Guantanamo pour enfants" ajoute l’avocate, qui reçoit régulièrement des nouvelles, la nuit, malgré les procédures.

"Les femmes n’ont pas le droit d’avoir de téléphone. Elles parviennent à déterrer des téléphones portables qu’elles cachent pour communiquer, la nuit, via le biais de Whatsapp. Elles me donnent des nouvelles. Elles arrivent à donner quelques nouvelles à leurs familles. En ce moment, c’est catastrophique. Il fait -10 degrés dans les tentes, l’eau a gelé, il n’y en a plus. Le chauffage est extrêmement dangereux. Les enfants sont transis de froid. MSF est parti. Ils manquent de nourriture. 371 enfants sont morts dans le seul camp d’Al Hol en 2019. C’est catastrophique" déplore l’avocate.
 

Les risques de les laisser là-bas

Rappelons que ces femmes emprisonnées sont des françaises parties rejoindre les rangs de Daesh. Pour Marie Dosé, il y a un départ, une histoire. Certaines sont parties avec leurs parents et n’avaient donc pas le choix. D’autres sont parties vers 15-16 ans, malgré le fait que leurs parents en France aient alerté les autorités. Une inaction des pouvoirs publics que dénonce l’avocate. Pour elle, tous les profils ne sont pas comme celui de la femme de 30 ans, qui part au Sham, en pleine connaissance de cause.

Une situation qui pose la question du retour en France. Aujourd’hui, de nombreuses voix s’élèvent contre ce projet, craignant que ces femmes, ces enfants, ne soient de véritables bombes à retardement. "Il y a bien plus de risques à les laisser là-bas, où est né Daech, qu’à les ramener ici, les mettre en prison, et placer les enfants en famille d’accueil. On croit dans l’imaginaire collectif que plus le danger est loin, plus on va réchapper à ce danger. C’est faux" conclut l’avocate.

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