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Fortune, une déesse ou la chance ?
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Fortune, une déesse ou la chance ?

RCF, le 18 septembre 2018  -  Modifié le 1 février 2024
Chaque jour Jean Pruvost nous parle d'un mot qui fait l'actualité, ce mardi c'est pour le film "Fortuna" qui sort le mercredi 19 septembre en salles.
Fanny Cohen Moreau Fanny Cohen Moreau

Dans les définitions des mots croisés, je lis pour fortune, « bâtie en briques ». Évidemment sur le moment je n’ai pas compris, mais dès qu’on se souvient que la brique en argot désigne un lingot d’or, tout s’éclaire ! Mais cela étant, c’est un des pièges qui est souvent tendu à ceux qui veulent devenir professeur de lettres. Quel est le sens ancien de fortune ? leur demande-t-on.

En 1668, lorsque Molière donne l’Avare, l’un des personnages de cette comédie, Valère, dit ceci : « Apprenez que le capitaine de ce vaisseau, touché de ma fortune, prit amitié pour moi ». Alors n’en déduisons pas que Valère était riche, il n’était en effet en rien « fortuné », il s’agit seulement du sort qui est le sien, sort favorable ou défavorable.

Il faut remonter en vérité à la mythologie et donc à la divinité, Fortuna, qui présidait aux aléas de la destinée humaine et distribuait les biens et les maux selon son caprice.
De fait dans la cinquième édition du Dictionnaire de l’Académie on donne les exemples suivants : « La statue de la Fortune, les Romains adoraient la Fortune, sacrifiaient à la Fortune ». En fait, en 1824, le poète Delavigne, use encore du double sens du mot fortune : « Ô toi, que l’univers adore, Ô toi que maudit l’univers, Fortune, dont la main, du couchant à l’aurore, Dispense les lauriers, les sceptres et les fers, Ton aveugle courroux nous garde-t-il encore Des triomphes et des revers. »

En vérité, au XIXe, la fortune est déjà synonyme heureux le plus souvent de bonne chance et donc souvent de richesse, un sens qui avait déjà fait son on apparition à la toute fin du XVIe s. Mais en tant que hasard, il existe un mot qu’on oublie souvent de rattacher au sens ancien de fortune. Fortuit, fortuitement : qui arrive donc de manière imprévue comme jadis la bonne ou mauvaise fortune. Et il y a un exemple que donne Furetière qui ne manque pas de surprendre aujourd’hui : « Il court fortune d’être pendu ». Eh bien aujourd’hui, d’une part, si on court fortune c’est qu’on a gagné au loto et quant à être pendu, c’est bien heureusement terminé.

Fortune : voilà un mot qui a bien tourné finalement. On veut bien aujourd’hui courir fortune !

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