​Franco-allemand, le tournant

Une bouffée d’air pour Angela Merkel ! Si la chancelière bénéficie toujours d’un soutien populaire, les couteaux sont tirés entre les deux partenaires historiques des chrétiens démocrates CSU/CDU. Les élections en Bavière qui se tiendront en janvier contraignent à un virage à droite notamment dans la perspective de la succession de la chancelière. Et n’oubliez pas qu’en septembre dernier, 80 députés d’extrême droite ont été élus au Bundestag.  Bilan : la question migratoire est au cœur du débat politique allemand… alors que l’Allemagne est attaquée par Trump sur le front commercial. Période orageuse pour la chancelière.

Mais c’est aussi le cas en Italie, en France… toute l’Europe se crispe face à Donald Trump ou sur la gestion des migrations. Nous en parlions ensemble la semaine dernière, mais le navire Aquarius a montré que la crise n’était pas terminée, et les bateaux vont se multiplier cet été. Et la bataille des slogans va continuer… Et les coups de communication aussi. Salvini, ministre de l’intérieur italien, mais en pratique véritable premier ministre qui dicte l’agenda. Les nouveaux populistes européens n’ont rien à proposer comme politique migratoire alternative autre que l'isolement national. Cela ne marche pas. Et je prédis un été franco-italien mouvementé ! Mais rappelons que la politique européenne de gestion des migrants fonctionne : les arrivées sont du niveau d’avant la crise.

Si les réponses d’urgence ont été efficaces, la vision à long terme, la stratégie globale, fait toujours l’objet de farouches oppositions. Est-ce que ce sera le cas sur tous les sujets majeurs ? C'est la raison pour laquelle on peut estimer que cette semaine ce n’est pas la migration l’enjeu majeur, c’est l’euro ! C'est passé discrètement mais l’accord de la chancelière sur un budget de la zone euro est un tournant essentiel ! Autant le cirque sur la migration n’apporte pas de solution et reste anxiogène, autant se mettre d’accord sur l’idée d’un « budget commun » aux membres de la zone euro d’ici 2021 est structurel. Alors oui, du côté allemand, on pourra se rassurer en disant qu’il n’y a pas grand-chose d’inacceptable. Le principe d’un budget d’investissement figurait déjà dans l’accord de la coalition au pouvoir, signé en février 2018 et les détails restent à définir.

Qui a gagné qui a perdu ? Ce n’est pas l’enjeu. C’est pourquoi je note un tournant en communication politique. Les français n’en ont pas rajouté.  Désormais il faut convaincre les autres pays. Cocorico sur l’euro ? Non, pas encore. En Europe pas de résultat sans un groupe, mais pas de groupe sans résultat !