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Gilets jaunes et politique, où est l'intérêt collectif ?
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Gilets jaunes et politique, où est l'intérêt collectif ?

RCF,  -  Modifié le 5 décembre 2018
François Mandil vous propose son éditorial et réagit à la crise des gilets jaunes.
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Qu’est-ce que le mouvement des gilets jaunes inspire aux scouts et guides de France ?

Je discutais avec un ami franc-comtois mobilisé et qui me disait 'nous, on ne fait pas de politique'. Alors, pardon, mais lutter contre les taxes, demander la démission du président, demander un nouveau mode de scrutin pour élire les députés … si ce n’est pas de la politique, qu’est-ce que c’est ?

Et évidemment, ça m’a rappelé l’éternel débat au sein du scoutisme : 'nous, on ne fait pas de politique'. Alors, pardon, mais s’engager pour la planète, déclarer que les jeunes ont toute leur place dans la société, rappeler que l’important ce sont les liens humains et pas la marchandisation, s’engager pour la paix, si ce n’est pas de la politique, qu’est-ce que c’est ?

Dès qu’on commence à réfléchir à l’organisation collective, on fait de la politique. Par contre, ni les gilets jaunes, ni les scouts n’ont d’affiliation partisane.

Quoi qu’on pense du mouvement social en cours, on ne peut pas nier les injustices sociales, c’est un fait, même si tous les manifestants ne sont pas pauvres, même si personne ne peut  revendiquer représenter 'le peuple'. Il faut bien sûr s’émouvoir et rejeter toute forme de violence, notamment celle apparue lors des différentes manifestations. On devrait pourtant s’émouvoir et rejeter tout autant la violence sociale, le déclassement, les inégalités. 'Il n’y a pas de paix sans justice' rappelle Denis Moutel, évêque Saint-Brieuc et Tréguier dans un texte publié hier avant de citer le Pape François dans Laudato Si. 'Il n’y a pas deux crises séparées, l’une environnementale et l’autre sociale, mais une seule et complexe crise socio-environnementale. Les possibilités de solution requièrent une approche intégrale pour combattre la pauvreté, pour rendre la dignité aux exclus et simultanément pour préserver la nature'.

Une façon de dire que le moratoire sur l’augmentation des taxes sur le carburant annoncé hier n’est pas la solution.

C’est bien le drame et le danger de la situation actuelle : personne n’est capable de proposer un horizon collectif, ni les gilets jaunes, ni le gouvernement, ni d’ailleurs les associations ou syndicats ou partis politiques totalement désemparés. Bien sûr il faut aussi lourdement taxer le kérosène et le fuel du transport maritime, ou encore repenser le mode de représentation démocratique, mais nous avons besoin d’un projet collectif cohérent global avec une vision claire, pas simplement d’une série de mesures. Et il me semble que, si on n’y arrive pas, c’est parce qu’on ne veut pas regarder en face les dégâts causés par une société consumériste où la seule valeur est l’argent, où on se bat pour le pouvoir d’achat et non pas pour le pouvoir de vivre.

Ce mouvement social est né sur Facebook, cette parodie de démocratie où pullulent les visuels simplistes voire complotistes, où on trouve beaucoup de monde pour raconter n’importe quoi à propos du pacte mondial pour les migrations de l’ONU mais personne pour se mobiliser contre le programme 'Action publique 2022' qui achève la casse des services publics de proximité. C’est tout le contraire de l’éducation populaire qui consiste, pour les jeunes comme pour les adultes, à construire collectivement. C’est dans la méthode scoute, c’est le fameux 'voir juger agir' de la doctrine sociale de l’Eglise.

Il est temps de renoncer à la somme des intérêts personnels pour choisir l’intérêt collectif. Il est temps de se replonger dans Laudato Si et d’écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres.

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