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Gilles Delebarre: "l’éducation artistique est fondamentale pour le développement de l’être humain"
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Gilles Delebarre: "l’éducation artistique est fondamentale pour le développement de l’être humain"

RCF,  -  Modifié le 21 juin 2018
​Jeudi 21 juin, c’est le début de l’été, mais c’est aussi la fête de la musique.
Philharmonie de Paris Philharmonie de Paris

A cette occasion, Stéphanie Gallet reçoit Gilles Delebarre, musicien, fondateur du projet Demos. Demos pour Dispositif éducatif, musical et orchestral à vocation sociale. Il représente une trentaine d’orchestres en France aujourd’hui, qui réunissent des enfants de quartiers populaires à qui Gilles Delebarre a l’ambition de faire jouer de la musique classique.
 

Avoir une action sur l'éducation musicale

"J’ai un parcours à la fois de musicien de jazz, quand j’étais très jeune, et puis je me suis aussi intéressé à l’ethnomusicologie, après avoir voyagé et travaillé en Afrique. J’ai toujours essayé en faisant des études de pédagogie musicale, de mettre en relation cette ouverture que je pouvais avoir sur toutes sortes de tradition musicale et les programmes éducatifs auxquels je participais moi-même, et que j’ai ensuite conduits" explique Gilles Delebarre.

Ce dernier enseigne donc la musique classique à des enfants de quartiers populaires, voire difficiles. "Les mots que nous employons pour définir les publics avec lesquels nous travaillons ne sont jamais faciles à utiliser parce que très vite, on arrive à la stigmatisation. Il s’agit vraiment de décider d’avoir une action sur l’éducation musicale, sur des territoires où c’est moins facile qu’ailleurs pour le faire. On s’adresse à des enfants qui vivent dans des quartiers qui concentrent davantage de difficultés sociales qu’ailleurs. Ce qui ne veut pas dire qu’ils sont tous en grande difficulté" ajoute Gilles Delebarre.
 

Franchir les frontières sociales grâce à la musique

Dans ce projet Demos, le musicien insiste sur l’importance de "présenter les choses de manière décalée, et il s’agit d’agir aussi sur la question des représentations et des frontières qui sont établies entre les strates sociales de notre France. Il faut justement aller proposer de la musique classique là où les gens disent que ce n’est pas pour eux. Ce ne sont pas les enfants qui disent ça, ce sont plutôt leurs familles. Mais c’est très clairement ancré dans la tête des gens. C’est pourtant très facile pour les enfants d’entrer en relation avec cet univers musical si on le fait de manière sensible. Cela produit cet effet de stimulation pour franchir les frontières". Une manière de dire que l’on peut, avec pédagogie, casser les clichés, notamment à celui qui veut que les enfants de banlieue écoutent du rap, et seulement du rap.

Aujourd’hui, circule une idée selon laquelle le projet Demos serait une sorte d’anti-conservatoire. Pour Gilles Delebarre, c’est totalement faux. "Les conservatoires ont beaucoup avancé et réfléchi par rapport au modèle du XIXème siècle, et il y a longtemps que beaucoup d’établissements se sont engagés à réfléchir sur l’enseignement et la pratique collective" lance encore le musicien. De son côté, Demos propose une éducation « sensible et immédiate » à la musique. De cette manière, les enfants peuvent rapidement rapporter leur instrument chez eux.
 

Constuire quelque chose de commun à plusieurs

"Ce qu’on essaie de faire, c’est de faire en sorte que notre apport éducatif permette à des citoyens de se former en étant à la fois attentif à eux-mêmes mais en même temps, et c’est ce que permet l’émotion artistique, d’être en relation avec les autres et d’avoir de l’empathie pour les autres. Ce que nous mettons tout le temps en avant, c’est ce qui nous rassemble en tant qu’êtres humains lorsque nous avons une relation à un objet quel qu’il soit, là c’est la musique" lance encore Gilles Delebarre. D’où l’intérêt, pour Demos, de la formation orchestrale. Une formation qui a la capacité de pouvoir construire quelque chose de commun entre les individus.

Demos, c’est pour Gilles Delebarre un bain musical assez fort. "Les enfants y restent trois années à raison de quatre heures par semaine. C’est une période clé dans leur processus de développement. Et qu’ils continuent ou non de pratiquer la musique ensuite, c’est déjà quelque chose de très fort dans leur parcours. On les incite bien évidemment à continuer en leur donnant l’instrument qu’on leur avait prêté au début du cycle. Un sur deux continue aujourd’hui de pratiquer la musique après Demos" conclut-il.

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