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Guillaume Riou: "les Français sont en attente d'un autre projet agricole"
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Guillaume Riou: "les Français sont en attente d'un autre projet agricole"

RCF,  -  Modifié le 27 février 2020
Le Salon de l’Agriculture a ouvert ses portes ce week-end. L’occasion de promouvoir une agriculture plus respectueuse de l’environnement et des hommes.
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Les Français consultés sur la question agricole

En quelques années, le bio est passée de l’effet de mode à un véritable phénomène de société. Guillaume Riou est éleveur dans les Deux Sèvres. Cela fait depuis 2009 qu’il s’est mis à l’agriculture biologique. Sa ferme se situe dans le sud du département, dans une zone d’étude de 45.000 hectares, de l’interaction entre les systèmes agricoles et les systèmes naturels. Il président aujourd’hui la Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB).

Dimanche dernier, le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, a lancé une grande consultation nationale. L’idée est de demander aux Français quelle agriculture veulent-ils pour demain. Une véritable première en France, qui prend la suite du Grand Débat National. "C’est une initiative très louable. Aujourd’hui les Français sont en attente d’un autre projet agricole. Le fait de les consulter, c’est très intéressant. Cela va pouvoir donner enfin la parole à nos concitoyens sur les questions agricoles et alimentaires. Il y a souvent eu à juste titre un sentiment de confiscation sur ces questions-là" explique Guillaume Riou.
 

Pas d'agribashing pour les agriculteurs bio

Il y a le manque d’espace pour s’exprimer, et le sentiment de fracture. Certains agriculteurs affirment aujourd’hui être victimes d’agribashing, qui augmente la distance entre eux et le reste de la société. Une distance que ne ressentent pas les agriculteurs bio. "Sans faire de provocation, nous n’avons pas ce sentiment. On a l’impression de répondre pleinement aux attentes de nos concitoyens tant sur le plan alimentaire que sur les questions écologiques, de pollution de l’eau, d’atteinte atmosphérique, de biodiversité, de santé publique" ajoute le président de la FNAB.

Ce dernier rappelle qu’en matière de questions relatives à la protection de l’environnement, l’agriculture est aujourd’hui en mesure d’apporter certaines solutions, parfois à contre-courant des idées reçues. "Concernant la séquestration des gaz à effet de serre, il y a les prairies, les haies, l’arbre. L’élevage, paradoxalement, est une clé de résolution pour la séquestration de carbone" explique cet agriculteur bio.
 

Des objectifs ambitieux

L’agriculture bio, tous les comme les produits bio, a le vent en poupe. Elle représentait 5.000 nouvelles exploitations en 2018 pour un total de plus de deux millions d’hectares en bio aujourd’hui. "Tout va bien mais les objectifs gouvernementaux sont ambitieux. Il faut qu’on puisse les atteindre. Le programme Ambition Bio 2022 prévoyait de doubler les surfaces, de passer de deux millions à quatre millions. On n’y arrivera pas malheureusement. Cela aurait nécessité de convertir entre 500 et 700.000 hectares par an" lance-t-il.

Pour Guillaume Riou, les freins à la conversation sont tout d’abord "des messages incohérents entre des dispositions publiques officielles et des budgets financiers toujours compliqués à mettre en œuvre. Plein de jeunes agriculteurs vont nous rejoindre dans les années à venir, mais il faut une ligne politique agricole plus forte. Notre civilisation ne pourra pas se passer du cap écologique, qui peut être une formidable dynamique pour les systèmes humains et économiques" conclut-il.

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