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Hobbes et le code de la route
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Hobbes et le code de la route

RCF,  -  Modifié le 27 juin 2018
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80 km /heure. Tel est le chiffre fatidique de la semaine. Je ne discuterai pas ici du bien-fondé de la nouvelle réglementation de la vitesse. Je ne débattrai pas des contraintes qu’elle impose ou bien des vies qu’elle sauve. J’examinerai sa dimension philosophique.

Oui, il y a de la philosophie sous les capots, de la métaphysique dans l’auto. Parce que ma voiture, c’est moi. C’est mon Cogito : je conduis, donc je suis. Le code de la route, celui que l’on respecte, celui que l’on enfreint, est un grand révélateur de la nature humaine. Qui veut comprendre la notion philosophique, un peu ancienne, un peu complexe, d’état de nature n’a qu’à prendre sa voiture.

L’état de nature, c’est ce qu’est l’homme laissé à lui-même, sans la contrainte qu’imposent les règles de la vie en société. L’homme est-il par lui-même – par nature – bon ou mauvais, pacifique ou agressif ? Faut-il un État qui laisse libre cours à sa bonté naturelle ou, au contraire, un État qui refrène son agressivité native ?

Le philosophe anglais, Hobbes, au XVIIe siècle, pensait que sans lois pour encadrer leurs actions et limiter leurs désirs, les individus ne feraient que s’entre-déchirer, se voler, s’envier, et, finalement, se détruire. Hors de la société et de ses garde-fous, point de salut. « L’homme est un loup pour l’homme. » Il est naturellement porté, non pas à l’amour du prochain et à la bienveillance envers le voisin, mais à la méfiance, et donc à l’attaque. Tel est l’homme à l’état de nature, avant que la société ne le socialise. Et tel est ce qu’il redevient, dès qu’il en a l’occasion.

Faut-il une preuve de cette agressivité naturelle, qui affleure sous le fragile vernis de notre humanité ? Le meilleur exemple en est fourni par notre comportement au volant. Les feux, les stops, les limitations en tout genre, ne suffisent pas à endiguer ce désir que nous avons de doubler les autres. D’aller plus vite, de passer en force. Le code de la route essaie bien de limiter la casse et la rage. Mais que les feux de circulation tombent en panne, et c’est le chaos, l’état de nature. L’homme redevient subitement un loup pour l’homme. 80 ou 90 km/heure n’y changent rien. C’est Hobbes qui a raison. La vérité est sous le capot. 

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