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Jean-François Mattei: "le coronavirus est l’occasion de moderniser le système de soins"
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Jean-François Mattei: "le coronavirus est l’occasion de moderniser le système de soins"

RCF,  -  Modifié le 10 mars 2020
Les Bourses s’effondrent. La France est le second pays le plus touché d’Europe. Le coronavirus fait des ravages sur son passage. Jusqu’à quand cette situation est-elle tenable ?
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On ne sait pas comment va évoluer le virus
 

L’épidémie de Covid-19 était une idée assez lointaine pour les Français il y a encore peu de temps. Aujourd’hui, chacun commence à se sentir concerné dans sa vie par le coronavirus. La France est en effet le second pays le plus touché d’Europe, derrière l’Italie, par cette pathologie venue de Chine, où 3.000 personnes sont déjà mortes. L’occasion pour faire le point sur ce phénomène, avec Jean-François Mattei, président de l’Académie de médecine, ancien président de la Croix Rouge et ancien ministre de la Santé.

On a du mal à comprendre comment en quelques semaines seulement, cette épidémie de Covid-19 a pu prendre autant de place dans nos vies, dans notre monde. "Cette épidémie a des caractéristiques particulières. Le virus est invisible. L’évolution est imprévisible. Et c’est ce qui fait toute son originalité, c’est la première fois que l’on est confronté à ce virus. On ne le connait pas. On ne sait pas comment il va évoluer, s’il va muter etc" explique-t-il.
 

Ralentir la propagation du coronavirus

Pour tenter de relativiser, on dit que la grippe tue plus que le coronavirus. Ce qui est vrai dans les faits. "Sauf que la grippe est saisonnière, elle revient chaque année. Nous avons un vaccin qui existe. Personne n’est pris par surprise. Quant au cancer, plus de la moitié des malades du cancer peuvent guérir. Et on le connaît. Tandis que ce coronavirus est assez surprenant. Il est nouveau, par définition" ajoute Jean-François Mattei, qui en tant que ministre de la Santé a l’époque, a dû affronter la première épidémie de SRAS.

Pour ce dernier, les mesures prises en France sont justes et appropriées. "Je ne sais pas si le confinement est adapté, car on ne l’a jamais utilisé. Je ne sais pas comment les citoyens français vont réagir, s’ils seront disciplinés. Pour le moment ce n’est pas le cas parce que même si le virus est dans toutes les régions, dans certaines régions, le nombre de cas est assez faible. Et par ailleurs il n’y en a pas partout. La mission que nous avons aujourd’hui, dans les services de santé, est de ralentir la progression du virus. C’est pour cela que l’on interdit les rassemblements, que l’on prend les gestes de la vie quotidienne pour se prémunir" lance-t-il.
 

Des professionels compétents et dévoués

En France, le cap des mille personnes contaminées a été dépassé en France. Un chiffre qui devrait encore augmenter. Une situation qui entre en opposition avec la fragilité de notre système hospitalier, dont les personnels dénoncent depuis des mois la précarité. Pas de raisons de paniquer pour autant, estime Jean-François Mattei. "Notre système est prêt potentiellement. La différence avec l’Italie, c’est qu’elle a 3,5 lits pour 1.000 personnes, et que nous en avons six. Soit deux fois plus de lits au service de la population. Nous sommes capables. Nous avons des professionnels compétents et particulièrement dévoués" précise-t-il.

Indépendamment de cela, le président de l’Académie de médecine plaine pour une modernisation et une révision totale du système de santé à la française. "Nous avons trop mis l’hôpital au centre de notre système. Tous ceux qui se penchent sur notre système de santé estiment qu’il y a un hospitalo-centrisme qui n’est plus approprié aujourd’hui. C’est le patient qui doit être la référence. Le patient bouge, parfois loin d’un hôpital. Et pourtant il faut le soigner. Le coronavirus est l’occasion de moderniser le système" conclut-il.

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