Jean Merckaert interpelle Emmanuel Macron au sujet des migrants

"Nous voici donc en 2018. Une année riche en commémorations, jugez-en plutôt. Mai 68 reste controversé, mais cinquante ans après, on se souviendra d’une étape importante dans la conquête de la liberté. En juillet, ce seront les 20 ans de la victoire de Zizou et des siens. Souvenez-vous : la France "black-blanc-beur" ! On fêtera la tolérance. En novembre, les paroles seront plus graves : 100 ans après la fin de cette grande boucherie que fut la Première Guerre mondiale, on célèbrera la paix. Et en décembre, les 70 ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme. D’autant qu’elle fut adoptée à Paris ! On célèbrera l’égale dignité des êtres humains.

Paix, liberté, tolérance, égalité, dignité : voilà un héritage dont nous pouvons être fiers. Mais cet héritage nous oblige. Car les valeurs meurent si on les relègue dans un musée. Elles nourrissent la colère quand elles sont proclamées, mais en pratique, elles sont piétinées. 

Or, c’est bien ce que fait le gouvernement français à l’endroit des migrants. Côté pile, le président Macron rappelle, je cite, qu'"accueillir les femmes et les hommes qui fuient leur pays parce qu’ils y sont menacés" est un "devoir moral, politique". Côté face, la France de Macron, plus encore que celle de ses prédécesseurs, mène une politique de contrôle, de dissuasion, d’expulsion tous azimuts. Elle ne veut même plus les voir, ces personnes dont le seul crime est de rêver d’une vie un peu meilleure. Et elle confie le soin à des pays peu recommandables de les trier.
 
À Calais, à Paris même, le gouvernement donne pour consigne aux forces de l’ordre de mener la vie impossible aux migrants : on lacère leurs tentes, on jette leurs affaires, leurs couvertures à la benne, on les empêche de se laver, de se nourrir même… Et on poursuit ceux qui leur viendraient en aide !

Cette semaine, un projet de loi sur l’asile et l'immigration doit être annoncé, qui pourrait entériner, selon le Secours catholique et la Fédération d'entraide protestante (FEP), "un renoncement sans précédent aux valeurs et aux traditions humanistes de la République". Marine Le Pen, elle, y voit une "victoire politique" de son camp.

Monsieur Macron, avez-vous été élu pour mettre en œuvre le programme du Front national ?

Paix, liberté, tolérance, égalité, dignité… sont des mots qui sonneront faux si notre pays n’est pas capable d’hospitalité envers celles et ceux qui frappent à sa porte. Il n’est pas trop tard pour leur redonner vie. Mais si vous vous obstinez à les piétiner, ayez au moins la décence de vous mettre en retrait lors des commémorations qui jalonneront 2018."