Jeunesse et francophonie

Coïncidence, c’est aussi à Niamey que viennent de s’achever les journées africaines du scoutisme 2019. Et si je rapproche ces deux évènements, c’est bien parce que la francophonie joue aussi un rôle important dans la dimension internationale du scoutisme. Comme dans l’olympisme, les langues officielles de l’organisation mondiale du mouvement scout sont l’anglais et le français, et par ailleurs, les associations des pays francophones se rencontrent et travaillent de plus en plus souvent ensemble.

En juillet dernier, à Yamoussokro, en Côte d’Ivoire, étaient organisées des rencontres internationales francophones avec des scouts des quatre coins du monde. En plus du partage d’expérience, c’était une occasion unique d’échange sur ce que le réseau francophone et le multilinguisme apportent à notre mouvement mondial et ce que les mouvements francophones ont en commun.
 
En 1962, Léopold Sédar Senghor écriait ceci à propos de la francophonie : "Au moment que, par totalisation et socialisation, se construit la Civilisation de l'Universel, il est, d'un mot, question de nous servir de ce merveilleux outil, trouvé dans les décombres du Régime colonial. De cet outil qu'est la langue française. La Francophonie, c'est cet Humanisme intégral, qui se tisse autour de la terre : cette symbiose des "énergies dormantes" de tous les continents, de toutes les races, qui se réveillent à leur chaleur complémentaire". Forcément, cet humanisme intégral évoqué par l’académicien et président de la République du Sénégal, résonne aux oreilles des scouts et guides du monde entier qui veulent bâtir un monde meilleur.
 
La langue permet de créer un lien supplémentaire, de faciliter la création d’espaces interculturels pour échanger et se rassembler. A l’échelle nationale d’abord, comme au Niger ou au Tchad où le français est utilisé pour dépasser les langues communautaires. A l’échelle internationale ensuite, comme cette rencontre en Côte d’Ivoire qui comprenait une formation internationale, un dialogue interreligieux et un séminaire de réflexion pédagogique sur l’éducation à la paix.

Le mouvement de la francophonie a pris une réelle ampleur dans les années 60 sous l’impulsion principalement d'Africains et de Canadiens francophones. Aujourd’hui encore, ce sont toujours eux qui font du français une langue vivante, en inventant des mots, en s’enrichissant les uns des autres, quand en France, l’essentiel des nouveaux termes ne sont en fait souvent, il faut bien le reconnaitre, que de mauvaises traductions de l’anglais.

Là encore, la créativité et l’énergie débordante de la jeunesse se nourrit de la rencontre interculturelle, une rencontre notamment vécue par 60 millions de scouts et de guides à travers le monde. Le scoutisme est un langage universel, la francophonie également. Les deux ne pouvaient que se rencontrer.