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Jusqu'à la garde, de Xavier Legrand
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Jusqu'à la garde, de Xavier Legrand

RCF,  -  Modifié le 7 février 2018
Xavier Legrand dénonce les violences conjugales dans une fiction très réaliste. Un film bouleversant.
2018 Haut et court 2018 Haut et court

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Jusqu'à la garde, de Xavier Legrand. 
France, 2017, 1h33
Avec Denis Ménochet, Léa Drucker, Thomas Gioria.
Festival de Venise 2017, lion d'argent.
Sortie en France 7 février 2018

C'est un film terrible puisqu'il parle des violences conjugales et nous sommes là, malheureusement, dans l'actualité. Tout commence par un jugement de divorce, une scène froide où la juge lit cette lettre d'un enfant pris en otage entre ses deux parents, Miriam qui demande la garde exclusive et Antoine qui veut continuer à voir régulièrement ses enfants. C'est parole contre parole, un couple qui se sépare, une famille déchirée, des individus en souffrance. Commencé dans le calme, le film va peu à peu monter en tension.

J'ai rarement vu un film qui donne autant d'importance à la respiration et, du coup, ça nous fait vraiment entrer dans les émotions des personnages. Chacun à une respiration particulière : on sent celle de la juge, pleine d'expérience, celle de Miriam, une femme apeurée, toujours sur le qui-vive, celle d'Antoine, puissante jusque dans la colère et bien sûr la plus bouleversante est la respiration saccadée de Julien, cet enfant qui n'a pas les mots pour exprimer ce qu'il ressent. 

Ces respirations permettent au réalisateur Xavier Legrand de nous amener inexorablement vers le drame qu'on pressent. Il s’appuie aussi sur des acteurs remarquables, Léa Drucker et Denis Ménochet pour les parents, et surtout sur Thomas Gioria, cet enfant qui cristallise toutes les tensions du couple. Il parle peu mais son visage et sa respiration disent sa profonde détresse, l'impasse dans laquelle il se trouve.

Le film est une fiction mais il est très réaliste. Xavier Legrand s'est  beaucoup documenté et met remarquablement en scène, et sans lourdeur, tous les éléments qu'on retrouve dans ces situations insoutenables : la violence qui engendre la violence, les enfants qui, pour fuir, reproduisent les erreurs de leurs parents, la difficulté de porter plainte quand il n'y a pas de coups, la solitude des protagonistes, et surtout la souffrance terrible des enfants pris en otage par leurs propres parents.

Par son sujet, qui est de dénoncer les violences conjugales, Jusqu'à la garde est forcément un film dur et bouleversant. Mais il ne se repaît pas dans la violence et nous montre le minimum pour toucher le spectateur sans l’écœurer. La mise en scène est ciselée, centrée sur le personnage du père et sa relation avec son fils. Le montage accompagne Antoine dans la montée en tension, jusque dans la stupeur de son déferlement de rage. C'est un film qui permet aussi de s'interroger sur nos propres attitudes : que peut-on faire face aux souffrances qui engendrent autant de violence ?

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