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Justice

RCF,  -  Modifié le 7 février 2018
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L’enquête sur le meurtre d’Alexia Daval a provoqué des emballements inquiétants. Devant des instructions conduites face aux caméras, des qualifications de crimes décrétées sur les réseaux sociaux, des jugements prononcés sans appel possible dans les médias, on peut toujours brandir la liberté d’informer.

Mais il arrive parfois que les journalistes eux-mêmes mesurent les effets pervers des emballements médiatiques. Certains se demandent si annoncer des aveux avant qu’ils ne se soient produits ou des mises en examen avant la fin d’une garde à vue constitue vraiment de bonnes pratiques.

Poser ces questions n’a rien d’original. L’affaire Grégory, toujours instruite aujourd’hui plus de trente ans après les faits, a dramatiquement illustré ces dérives : un meurtre et une mère décrétée « forcément coupable ». Jamais les leçons n’en ont été vraiment tirées.

Bien sûr, la justice traîne souvent, voire s’enlise. Mais sa bonne administration impose une part de lenteur et un certain secret. Il s’agit d’une protection à la fois pour les victimes et les suspects, le temps de l’enquête. Ce temps s’accommode mal de l’hystérisation, du culte de l’émotion ou d’un pathos complaisamment étalé. Faut-il dire le droit sur la place publique ?

Cette tension entre le temps de la presse – informer de plus en plus vite – et le temps de la justice – recherche d’équilibre, de garanties – ne peut être réduite que par un sens partagé des responsabilités. La presse peut aider les juges à résister à la demande d’une justice immanente, surtout quand elle est relayée au niveau politique. De son côté, la justice a besoin du regard des médias avec lesquels elle doit installer un dialogue utile dans une quête partagée de vérité.
 
 

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