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L'affiche
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L'affiche

RCF,  -  Modifié le 6 mars 2020
On retourne à Wuhan cette semaine. David Groison a décidé de ne pas nous changer les idées, et il a choisi une photo du coronavirus.

Car pour un passionné d’images comme moi, je dois bien avouer que cette épidémie est photogénique. Je dirais même cinégénique, tant l’image que j’ai choisie cette semaine ressemble à une affiche de film. Elle est composée d’ailleurs de la même façon.

Il y a d’abord la couleur : la scène est nimbée d’une lumière violette. C’est une scène de nuit, il y a des panneaux lumineux et du coup, tout semble éclairé, baigné dans une même teinte assez inhabituelle dans la vie, mais courante au cinéma. Le violet, c’est une couleur qui est souvent utilisée pour les films de sciences fictions. L’affiche des Avengers, les superhéros de la galaxie Marvel, était violette. Ou cette semaine, le film de Pixar avec des elfes qui courent vers vous et qui font réapparaitre leur père le temps d’une journée, « En avant », l’affiche est toute violette aussi.

Sur la photo, il y a aussi des lettres lumineuses qui forment comme un titre.  Elles sont placées ni trop à gauche, ni trop à droite, elles sont calées vers le haut, bien au centre de l’image. Il s’agit de panneaux lumineux posés sur le toit d’un hôpital. Cinq idéogrammes chinois qui se détachent nettement. On dirait un titre. Et puis il y a la scène qui est représentée en dessous. Et là, on est dans un duel, un face à face assez spectaculaire. Au premier plan, trois rangées d’hommes en combinaison intégrale, en plastique blanc. Un casque sur la tête avec une visière transparente qui tombe devant leurs yeux qu’on ne voit pas. Ils sont tous de dos. Et en face d’eux, au second plan, une dizaine d’hommes et de femmes, en manteaux dépareillés, rouge à poids, blanc, bleu, noir…

Tous avec un masque en papier sur la bouche. Deux armées qui se font face. Avec au milieu, un no mans’land. Un espace de quelques mètres, des marches qui séparent le sol du parvis de l’hôpital et les deux équipes.

Surtout, Stéphanie, que le photographe a choisi son camp. Il s’est placé derrière les soignants, derrière l’armée en combinaison de protection intégrale. Et du coup, on épouse forcément leur point de vue, aux deux sens du terme. Les malades semblent éloignés de nous, dangereux. D’ailleurs, petit détail qui tue : quand on prend le temps de s’arrêter, les malades n’ont pas de valise à leur pied. Non, non, ils ont des sacs poubelles, jaunes ou bleus, avec toutes leurs affaires en vrac. Des pestiférés.

C'est la triste réalité de l’épidémie de coronavirus. Ces malades sont sur le seuil de l’hôpital, car à Wuhan, on a spécialisé les lieux de soin, et ils vont être transférés d’un hôpital entre guillemet « généraliste » à un établissement médical spécialisé dans le coronavirus. Le départ est imminent. Les soignants protégés de la tête au pied, sont prêts à les prendre en charge. Et cet instant arrêté suggère que la situation est périlleuse, mais sans doute aussi qu’on fait un peu de cinéma.

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