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L’avenir du paritarisme en question
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L’avenir du paritarisme en question

RCF,  -  Modifié le 8 novembre 2018
Chaque jeudi Vincent de Féligonde propose sa chronique sur l'économie.
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Syndicats et patronat vont entamer demain les négociations sur une nouvelle convention d’assurance chômage.

Oui. À la surprise générale, Emmanuel Macron leur a demandé cet été de rouvrir ce chantier alors même qu'une réforme de l’assurance chômage était adoptée au Parlement et que la dernière convention était entrée en vigueur il y a tout juste un an. Il voulait ainsi répondre à leurs critiques sur la faiblesse de l’agenda social du gouvernement. Pour les huit organisations syndicales et patronales qui gèrent l'assurance chômage - les « partenaires sociaux » -, c’est un peu un quitte ou double. Certains parlent même de « piège »

Parce que ce qui va se jouer dans les huit rounds de négociations qui se tiendront jusqu’au 15 janvier, c’est ni plus ni moins que l’avenir du paritarisme. La capacité des partenaires sociaux à continuer à gérer en commun et à parité le système, ce qu’ils font depuis la création de l’assurance chômage en 1958, il y a soixante ans, à l’initiative du général de Gaulle lors de son retour au pouvoir. Le risque est d’autant que durant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron n’avait pas caché son scepticisme envers ce même paritarisme. Celui qui n’était alors que candidat avait clairement dessiné une modification de la répartition des tâches en matière sociale : à l’Etat de gérer les grands risques sociaux - comme l’assurance chômage – et aux partenaires sociaux d’occuper le terrain de l’entreprise.
Il a d’ailleurs joint le geste à la parole depuis le début de l’année en supprimant les cotisations chômage des salariés au profit d’un financement par l’Etat, par le biais de la CSG. 

Les partenaires sociaux peuvent-ils parvenir à un accord ?

Ce sera difficile. Dans la feuille de route fixée par le gouvernement fin septembre, ils doivent tout à la fois favoriser l’accès et le retour à un « emploi de qualité », et économiser entre 3 et 3,9 milliards d'euros sur trois ans. Le but est d’accélérer le désendettement de l’Unedic – l’organisme qui gère l’assurance chômage – qui a accumulé 35 milliards d’euros de dettes depuis la crise de 2008.

Il n’y a pas trente-six solutions : soit ils choisissent de baisser le montant des allocations ou d’indemniser moins longtemps – ce qui est difficilement acceptable pour les syndicats –, soit ils décident d’augmenter les cotisations – ce que refuse le patronat, qui ne veut pas augmenter le coût du travail.

Certains voient déjà des portes claquer avant même la fin décembre.  D’autres estiment que pour préserver l’avenir du paritarisme, les partenaires sociaux pourraient arriver malgré tout à un accord. Mais s’ils ne remplissent pas l’objectif d’économies fixé par le gouvernement, ce dernier a déjà prévenu qu’il n’agréera pas l’accord. Il imposera alors sa solution. Et aura surtout fait la preuve que le paritarisme n’est pas à la hauteur des enjeux. Le piège aura fonctionné.

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