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"L'égalité n'est pas l'horizon d'Évangile, elle est son point de départ"
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"L'égalité n'est pas l'horizon d'Évangile, elle est son point de départ"

RCF,  -  Modifié le 19 novembre 2018
"La question des femmes et des ministères fait partie des réformes à entreprendre, à l’évidence, rapidement." Chaque lundi Antoine Guggenheim vous propose son éditorial.
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L'Église catholique ne reconnaît aucune inégalité entre les femmes et les hommes. Dans la Genèse, ils sont mis sur un pied d’égalité, car ils sont ensemble, par leur relation, "à l’image de Dieu". Si bien que, constatant que la tradition reconnaît l’impossibilité d’ordonner des femmes prêtres, saint Jean-Paul II demandait aux chercheurs, il y a 24 ans !, de montrer comment et à quelles conditions cette interdiction n’est pas incompatible avec leur égalité fondamentale (Ordinatio sacerdotalis, 1994).
 

On ne revient pas facilement du cléricalisme et de la masculinisation, qui font des laïcs, et des femmes en particulier, des quasi mineurs, ce qui n’est pas du tout dans la ligne de l’Évangile

 

Sur cette question, on peut distinguer, avec les historiens, deux grandes périodes dans l’histoire de l’Église. Au cours du premier millénaire, les femmes et les hommes participent ensemble à l’enseignement de la foi, à la sanctification liturgique et au gouvernement pastoral. On se souvient que le monachisme, des femmes et des hommes, si décisif dans la vie et la doctrine de l’Église du premier millénaire, est un charisme de laïcs. Et que même quand les ministères s’organisent de façon hiérarchique, il n’y a pas, en ecclésiologie, de relation hiérarchique entre clercs et laïcs.

A partir de la réforme grégorienne, au 11ème siècle, l’Église se dote d’une apparence hiérarchique pour garantir sa liberté face au pouvoir féodal. Le prix à payer pour cette adaptation est à la hauteur des défauts du régime féodal. Car, comme le montre la suite de l’Histoire, on ne revient pas facilement du cléricalisme et de la masculinisation, qui font des laïcs, et des femmes en particulier, des quasi mineurs, ce qui n’est pas du tout dans la ligne de l’Évangile.

Car l’égalité n’est pas « l’horizon » de l’Évangile, son « projet auquel au fond on ne croirait pas tout à fait ». Elle est son « point de départ ». Elle en est la « force de scandale », qui ne s’éprouve pas sans qu’explose aussi le constat d’inégalité. L’équité doit donc compléter l’égalité. L’équité, c’est-à-dire, une attention à l’histoire de chacun, une justice aimantée par la singularité. L’équité porte l’égalité à se dépasser sans cesse pour construire la fraternité. Car, comme le dit le philosophe Emmanuel Levinas, femmes et hommes ne se « complètent » pas : ils sont ensemble une ouverture sur l’infini des possibles.

Pourquoi mieux partager l’autorité de Jésus entre tous les membres de l’Église, comme ce fut le cas au premier millénaire ? Pour donner à l’Église une meilleure capacité de comprendre le monde et d’y accomplir sa mission ! La réponse tient aux évolutions de la société, mais aussi aux erreurs et aux péchés passés, comme Jean-Paul II l’a dit mille fois.

Comment favoriser le service que tous les baptisés, et donc les ministres ordonnés, sont appelés à rendre au Christ et au monde ensemble ? En apprenant à recevoir ensemble l’Évangile, dans la diversité des expériences et des vocations. Seule l’unité de l’Église entend « ce que l’Esprit Saint dit aux Églises » et reconnaît les « signes des temps », c’est-à-dire les signes du Royaume en ce temps.

La question des femmes et des ministères fait partie des réformes à entreprendre, à l’évidence, rapidement. Le pape François a mis en place une commission chargée de réfléchir sur le diaconat féminin. Une réflexion de fond sur le diaconat féminin ne pourra pas ne pas rejaillir sur le diaconat permanent des hommes, mais aussi sur les autres ministères, à « déconcentrer » pour les exercer autrement. C’est une des réformes à venir où l’innovation sera la plus visible, et donc discutée. Ce fut le cas au Concile Vatican II pour la relation au judaïsme, la liberté religieuse ou la mission des laïcs. Car puisque l’Église a besoin de « fidélité créatrice », selon la belle expression de Gabriel Marcel, Jésus ne l'a pas dotée d’un magistère, qui tire de son trésor de l'ancien et du nouveau.

 

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