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La fièvre, l'hôpital est malade
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La fièvre, l'hôpital est malade

RCF,  -  Modifié le 13 septembre 2019
Aux pôles d’urgences des hôpitaux, une même attente de la part des soignés et des soignants et une même interrogation : quand la fièvre tombera-t-elle ?
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Le diagnostic est connu depuis (trop) longtemps : l’hôpital est malade.
 
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir proposé des prescriptions. Seulement, elles apparaissent hors de prix. Quel est donc celui de la vie ?
 
Un aide-soignant, depuis 10 ans, interviewé par un journaliste, rappelle la cause profonde des ruptures. Si les soignants parlent d’humanité, de qualité des soins, de souffrances, de la nécessité d’avoir plus de temps pour les malades pour ne point commettre des erreurs, les Pouvoirs Publics, sans contester cette approche idéale, considèrent qu’une autre organisation résoudrait bien des déficiences, attendu les contraintes budgétaires.
 
Si la colère des soignants gronde, celle des malades n’est pas absente de par des attentes trop longues et insupportées. Des mouvements de grève n’ont pu être évités, non plus que des situations de burn-out de la part du personnel soignant.
 
Une urgentiste, en pleurs après 26 heures de travail sans discontinuité, ne trouve qu’une seule remplaçante pour assurer les urgences et la gestion du service mobile d’urgence et de réanimation !
 
Plantu, sur l’un de ses inénarrables dessins, écrit avec humour et une fine analyse : ce n’est pas parce qu’on est en grève (les urgentistes) que vous attendez, c’est parce que vous attendez qu’on est en grève.
 

Le manque d’argent est une conséquence ; le coupable est le corps social qui peine à prendre en compte qu’il est constitué d’humains qui ont des corps et, par-là même, sont sujets à la vulnérabilité.
 
L’être humain, dans les moments plus difficiles, douloureux, a besoin d’attention dont la première urgence est de donner du temps. La parole du soigné au soignant est déjà un traitement, une prise de considération, celle d’une humanité partagée.
 

Difficile de penser que cette approche ne soit pas souhaitée par les deux côtés, soignants et Pouvoirs Publics. Force cependant est de constater que la feuille de prescription pour soigner la fièvre des hôpitaux – tout comme celle des EHPAD ‑ est reportée sine die.
 
Si l’Etat, une fois encore, ne peut pas tout faire, il a pour fonction première de protéger ses ressortissants. La responsabilité, celle de la Nation toute entière, est d’inviter ses représentants à évaluer les dépenses de santé comme un investissement et non comme une charge.
 
La fièvre des hôpitaux oblige à considérer que le ‘prendre soin’ ne reçoit pas l’attention qu’il mérite, d’où ces attentes qui, sans une réforme de la médecine de ville, ne peuvent que s’aggraver, la fréquentation des pôles d’urgence ayant doublé en 20 ans pour concerner plus de 21 millions de personnes en 2017.
 
Le financement de 750 M€ - annoncé d’ici à 2022 par Mme Agnès Buzyn, Ministre de la Santé - suffira-t-il à faire baisser la fièvre, ce n’est pas si sûr pour oublier que les soignants sont aussi blessés de ne se voir considérés que dans les heures d’urgence.
 
Donner plus de prix à la fragilité serait un signe d’humanité qui, immanquablement, soignerait les fractures sociales.

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