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La prière, de Cédric Kahn
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La prière, de Cédric Kahn

RCF,  -  Modifié le 21 mars 2018
France, 2017, 1h47. Berlinale 2018, compétition officielle, prix d'interprétation masculine pour Anthony Bajon.
Carole Bethuel - Les Films du Worso Berlin Carole Bethuel - Les Films du Worso Berlin

Voir la bande annonce du film

On entre dans le film avec Thomas, jeune homme au visage presque angélique mais qui porte des traces de coups. Il a les yeux baissés, fermé sur lui-même, il est en route pour un centre de désintoxication, un endroit coupé du monde, isolé en haute montagne. Dans ce centre d'inspiration religieuse, la discipline est très ferme à l'égard des toxicomanes : du travail pour occuper le corps, de la prière pour occuper l'esprit et de l'amitié pour occuper le cœur. Les adultes, éducateurs, prêtres, religieuses ou voisins, sont bienveillants. La prière, comme le respect des règles de la maison, est une obligation. Pas la foi, qui surviendra ou non.

À une époque où les médias ont tendance à ne mentionner la religion que pour parler de violence, radicalisation, pédophilie ou scandale financier, il est étonnant de voir un film qui interroge aussi sincèrement la foi, et le travail des croyants qui se donnent entièrement à leur mission. Et le réalisateur le fait avec une mise en scène impressionnante qui parvient à transcrire à l'écran le paradoxe de la prière qui est à la fois mécanique, souffle et libération.

Hormis la célèbre actrice allemande Hanna Shygulla, qui a un petit rôle, tous les personnages sont des acteurs inconnus. Cela permet à Cédric Kahn de créer une dynamique de groupe et une véritable communion à travers le chant et la prière, qui sont tous récités, scandés et chantés par les acteurs eux-mêmes. L'importance du groupe est essentielle pour construire le film, comme elle l'est pour aider les pensionnaires du centre à se reconstruire.

La Prière est un huis clos dans l'espace immense des montagnes et du ciel, où les corps sont toujours en mouvement, pour libérer la tête de ses poisons. Le temps s'écoule sans repère, si ce n'est le temps de la prière et le rythme des saisons. C'est un espace oppressant pour Thomas à ses débuts, comme pour les autres toxicos, où il faut lutter contre le manque, résister aux pulsions, à la colère. C'est un huis clos qui se transformera, pour certains, en refuge trop douillet pour avoir envie de le quitter mais où la densité des images permet d'approcher le mystère de la foi.

Surprenant jusqu'au bout, La Prière est un film qui a du souffle : il insuffle de la délicatesse dans un univers quasi carcéral, de la grâce dans la mécanique corporelle de la prière, et de la rédemption dans une vie brisée.

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