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La réintroduction des ours dans les Pyrénées
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La réintroduction des ours dans les Pyrénées

RCF,  -  Modifié le 16 octobre 2018
Chaque mardi Cyrille Frey vous propose sa chronique sur l'écologie.
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Deux ourses ont été relâchées dans les Pyrénées ce qui suscite des réactions passionnées et même furieuses…
 
Déjà il faut se méfier du mot réintroduction, qui laisse penser à une décision arbitraire, tiens si on mettait des ours là alors qu’il n’a jamais totalement disparu de France. Seulement sa  population naturelle a été réduite à tel point qu’elle n’est plus viable et donc qu’on la renforce un peu, pour qu’elle se maintienne, telle qu’elle est: moins de 45 animaux. C’est moins d’un ours par million de Français. Ce qui est artificiel dans cette situation, c’est la disparition ! L’absence de grands prédateurs ou de certaines autres espèces n’est pas un état naturel ni vraiment normal.
 
Mais on a d’un côté le désir de nature sauvage de certains, et de l’autre l’activité des éleveurs et ça semble inconciliable.
 
L’ours est présent dans plusieurs pays européens sans que cela compromette le pastoralisme ou l’économie agricole. La recette existe, mais chez nous on a arraché la page. Et puis on a des filières en difficulté à qui on peut indiquer l’ours comme bouc émissaire commode. Déjà on en fait un grand prédateur. Mais c’est un omnivore ! Pas un chasseur de brebis ! La concurrence mondiale, elle n’est pas non plus due aux ours ! Si on se contente d’effacer les ours, l’agriculture aura les mêmes problèmes. Inversement, l’ours a toujours été un atout touristique pour le massif des Pyrénées. Il pourrait bénéficier à tous.
 
Est-ce que ça veut dire qu’il n’y a qu’à vouloir pour que tout se passe bien ?
 
Bien sûr que non ! La cohabitation avec la grande faune, ce n’est jamais simple. Mais en France on a un vrai problème de regard sur la vie sauvage. Globalement, on n’accepte pas l’animal. Il faut qu’il se cache, qu’on puisse faire comme s’il n’était pas là. Dans tous les pays voisins on a des densités de grands animaux supérieures à celles qu’on accepte ici. Par exemple en Allemagne il y a beaucoup plus de chevreuils. Chez nous, tout de suite on dit : « faut réguler ». Dès qu’un conflit homme animal se manifeste, l’ours dans les Pyrénées ou les corbeaux dans la ville, spontanément on pense : « éliminer ». L’état normal serait : pas d’animaux. Du coup c’est le blocage, on n’imagine plus la cohabitation comme une voie possible, juste comme un compromis douloureux. Mais ça c’est très français. Notre refus du sauvage n’est pas « normal ». À cela s’ajoute l’économie rurale en difficulté. L’ours est devenu, d’une manière complètement fallacieuse, le symbole d’un gouvernement citadin, parisien, lointain, et hostile. C’est l’archétype de la fausse cible. Ce qui est vrai c’est que l’économie rurale est un sujet oublié. Ce qui est faux, c’est qu’elle soit incompatible avec la faune sauvage.

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