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La Saint Valentin
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La Saint Valentin

RCF,  -  Modifié le 15 février 2019
David Groison vous analyse une photo qui fait l'actualité.
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Hier c'était la Saint Valentin, et ça me donne l’occasion de parler d’une image, comme chaque vendredi. C’est une photo prise au Kenya, que j’ai découverte dans les sélections de photo du jour des sites Internet, notamment celui du Guardian en Angleterre, qui a toujours des images incroyables.
 
C’est une photo d’usine. Mais d’usine particulière. C’est une usine de fleurs. Au premier plan, un tas de rose rouge sur une table en bois. Et juste derrière, au second plan, une femme en tenue de travail, en blouse verte, avec un tablier noir autour de la taille, et un foulard sur la tête. Elle réalise un geste qui semble mécanique. Elle a des gants de jardinage, une rose dans la main, elle vient d’en lâcher une autre – on le devine car il y a une rose floue et le flou nous indique ici le mouvement. A côté de la femme, au sol, une grande poubelle en ferraille accueille des feuilles. Cela nous permet de comprendre le geste qui requiert toute son attention : elle nettoie les bas des tiges. Sur la table, se trouve aussi un carton abîmé avec des élastiques : elle va transformer ensuite ces tas de fleurs en bouquets.
 
Pourquoi alors parler d'usine David ? La scène que vous décrivez pourrait se passer chaque semaine chez le fleuriste...

 
C’est parce que je ne vous ai pas décrit la suite. La suite, c’est l’arrière plan. Ce même motif (une femme en blouse verte qui effeuille des roses) se répète à l’infini. Il y a en a une dizaine de femmes derrière elle : même table, mêmes fleurs, même geste. A côté de cette colonne de travailleuses, des rangées d’autres sur sa droite et sur sa gauche. Cet effet de répétition impressionne. D’autant plus que les rangées appuient des lignes de fuite – cela renforce l’effet de perspective, la profondeur de l’atelier. On imagine qu’il existe des champs de fleurs pour leur culture. On a déjà vu des images des serres où sont cultivées certaines espèces. On s’est même émerveillé devant des champs de tulipes. Mais on n’imaginait pas, je n’imaginais pas, que des ateliers puissent accueillir des ouvriers et ouvrières chargés de réaliser ce geste mécanique : un bouquet. J’ai oublié de vous dire que les visages de ces femmes et quelques hommes sont noirs. Nous sommes en Afrique. Et là, la légende nous cueille… si j’ose dire. On est au Kenya. Dans les locaux de la Wildfire Flowers company. Le photographe nous indique que 38% des roses importées dans les pays de l’Union Européenne viennent du Kenya.
 
La photo d’Andrew Renneisen permet d’incarner, de donner chair à cette statistique, cette donnée économique. Cela pourrait être un des chiffres qui pullulent dans nos journaux. Mais la photo est plus forte que le simple graphique. Il donne un visage à la mondialisation. Il donne une teinte particulière aux fleurs que l’on vous a offertes hier Stéphanie – je suis désolé de gâcher un peu le plaisir…
 

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