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La violence nourrit et se nourrit de la violence
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La violence nourrit et se nourrit de la violence

RCF,  -  Modifié le 31 octobre 2018
Chaque mercredi Samuel Grzybowski vous propose son éditorial, aujourd'hui en direct de Tunis.
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Ce matin je suis à Tunis, la capitale tunisienne pour quelques jours de repos. J’étais déjà à Tunis lundi et je me suis donc trouvé à 1km du dernier attentat suicide dont la Tunisie a été victime. Presque trois années après la fin des grandes attaques terroristes en France, le terrorisme semble se faire oublier dans l’hexagone.

Pourtant ce fléau de la violence gratuite et aveugle continue de détruire là où il passe. La dernière attaque contre les forces de l’ordre tunisiennes n’a heureusement fait aucune victime humaine, si ce n’est la femme auteure du suicide. Le ministère de l’intérieur tunisien, dénombre en revanche une vingtaine de blessés dont aucun en état grave. Nous ne savons encore rien des motivations de la jeune femme, nous savons seulement qu’elle était à la fois diplômée et au chômage. Alors comment expliquer cette violence ?

Depuis le début des années 2000 on dénombre environ 10 000 attaques terroristes par an dans le monde, avec une moyenne de 26 000 décès chaque année. Si le terrorisme est aujourd’hui majoritairement revendiqué d’un islamisme violent et fondamentaliste, d’après l’université du Maryland, les attaques visant les musulmans représentent 53% des attaques et 66% des victimes. Le terrorisme n’est donc pas enraciné dans une religion en particulier.

Cette semaine des juifs américains ont été victime d’une attaque antisémite, les motivations du tueur ne sont pas encore claires même si les responsables juifs de Pittsburgh ont appelé Donald Trump à "dénoncer sans réserve le nationalisme et suprémacisme blanc", à "cesser de cibler et de mettre en danger toutes les minorités", à "cesser de s'en prendre aux migrants et aux réfugiés" et à "s'engager dans des politiques démocratiques" qui "reconnaissent la dignité de tous". 

La violence n’a jamais de sens, ni justification. Elle est toujours l’expression du vide, comme lundi à Tunis au milieu d’un pays en pleine transition démocratique où islamistes démocrates, libéraux, laïques travaillent ensemble à la construction d’un pays en commun. Mais la violence a parfois une explication qui - contrairement à la petite phrase d’un ancien Premier Ministre français – ne justifie rien.

Cette explication trouve souvent sa source dans l’injustice sociale et les inégalités. Alors tout en nous réjouissant de la baisse du terrorisme en France, n’oublions pas, pour ne jamais banaliser ce qui vient de se reproduire ici en Tunisie, qu’il est une violence dont nous sommes tous co-responsables : la violence des discriminations et de l’exclusion. Il n’appartient qu’à nous de combattre avec autant d’ardeur les deux faces – visible et invisible – de cette violence insensée.

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