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Lâchez la grappe à l'Atacama
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Lâchez la grappe à l'Atacama

RCF,  -  Modifié le 26 mars 2019
Focus sur l'hydroponie, une technique de production artificielle de plantes cultivées.
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Vous avez appris qu’on faisait pousser des légumes dans le désert chilien et ça ne vous semble pas une bonne nouvelle..

Non. Parce que ce n’est pas faire verdir le désert. C’est l’application à un cas extrême, le désert le plus sec du monde, d’une technique qu’on appelle hydroponie, qui sert aussi dans certaines "fermes urbaines" (avec de gros guillemets) et qui est ni plus ni moins qu’une production 100% artificielle de plantes cultivées. On apporte de l’eau, en l’occurrence dessalée, dans le désert, on apporte tous les nutriments et la plante pousse en atmosphère contrôlée. Bien sûr que c’est possible dans le désert : ça n’a rien d’un jardin, c’est une usine. Ça marcherait aussi sur la Lune ou sur un parking.
 

Donc c’est une usine où on reproduit artificiellement ce que fait la nature.

C’est ça et c’est tout le problème. Dans certains cas on utilise même un éclairage artificiel. Tout montre qu’on va vers une pénurie de ressources et qu’il faut économiser notamment l’énergie, et voilà une invention qui consiste à refaire ce que la nature sait faire gratuitement : le soleil, la pluie, et surtout les cycles de la matière dans le sol qui mettent les nutriments à disposition de la plante. Le coût va être insupportable.

Le travail de la nature, les services rendus par les écosystèmes, sont l’équivalent du PIB planétaire. Ça veut dire qu’on ne peut pas tous les transformer en machines, c’est un leurre, c’est la même dérive que les drones pollinisateurs dont on parle quelquefois. Est-ce que ça veut dire qu’on prend acte de la destruction de la nature et qu’au lieu d’arrêter le massacre, on se résigne à vivre comme sur une base lunaire en produisant des salades de synthèse ? Même si on pouvait se payer un tel changement, on achèverait de se couper de la nature. On ne verrait plus de raison de laisser vivre la moindre abeille, le moindre brin d’herbe. Qui a envie de vivre ça ?
 

Certains disent que cette technique est écologique parce que sans pesticides.

Et on se retrouverait avec un monde sans pesticides mais entièrement recouvert de serres et de hangars à cultures en hydroponie. C’est une drôle de façon de faire de l’écologie ! C’est l’un des effets pervers de borner l’écologie à l’impact direct sur la santé humaine. On validerait des techniques dévastratrices pour les écosystèmes, qui permettraient en théorie un monde sans forêts, sans abeilles, sans prairies, sans marais parce qu’on n’en aurait plus besoin, et qui se dirait écologique. Non. On a des connaissances qui progressent constamment, qui permettent de cultiver et vivre avec le reste du vivant. Ça s’appelle la permaculture par exemple. C’est ça, respecter vraiment la vie.

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