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Le déconfinement, entre sécurité sanitaire et nécessité économique
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Le déconfinement, entre sécurité sanitaire et nécessité économique

RCF,  -  Modifié le 7 mai 2020
Édouard Philippe présente cet après-midi la carte des départements en rouge et vert en vue du déconfinement le 11 mai. Le compte à rebours a commencé.
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À charge pour le gouvernement de dissiper les doutes et inquiétudes suscitées par une décision perçue comme une marche forcée vers une reprise de l’activité. Édouard Philippe juge que "le moment est critique", tandis que le ministre de l’économie, Bruno Le Maire invoque "l’intérêt national" pour justifier l’urgence de retrouver "le chemin du travail". Trouver le bon équilibre entre l’impératif de sécurité sanitaire et les nécessités économiques est un exercice périlleux, "comme marcher sur un chemin de crête qui sépare deux à-pics vertigineux", selon la formule du Premier ministre. Mais il s’impose d’autant plus que le coût économique et social du confinement, déjà colossal, s’avérerait insurmontable s’il devait durer.

Comme l’analyse sur le site de La Croix mon collègue Antoine d’Abbundo, les estimations de l’Insee donnent la mesure de son effet dévastateur. Depuis la mi-mars, la fermeture des commerces jugés non essentiels et les restrictions de circulation ont contribué à faire chuter l’activité de moitié, jusqu’à 90% dans certains secteurs. Ce coup de frein brutal a entraîné un recul de 5,8% du PIB au premier trimestre.

Un choc sans équivalent depuis les grandes grèves de mai 68. Encore l’économie avait-elle rebondi assez rapidement les mois suivants. Cette fois, l’impact pourrait être plus massif et plus durable. D’abord parce que les dernières prévisions n’enregistrent que l’impact des deux premières semaines de confinement, si bien que les chiffres du deuxième trimestre seront bien pires. Ensuite parce qu’il est difficile d’apprécier les capacités de rebond de l’économie française. Prudent, le gouvernement table, pour l’instant, sur une baisse du PIB de 8% sur l’année. Du jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale. Ce qui peut se traduire par une hausse du chômage.

Au mois de mars, Pôle emploi a enregistré une augmentation du nombre de chômeurs de l’ordre de 250 000 personnes. Jusqu’ici, le recours massif au chômage partiel - qui concerne 11,7 millions de salariés à ce jour - a permis de limiter la casse. Mais la France se classe parmi les pays de la zone euro qui a connu la plus forte baisse de PIB au premier trimestre : 5,8% contre 3,8% en moyenne. Cela s'explique par le confinement strict imposé pour gérer l’épidémie quand des pays comme l’Allemagne ou l’Autriche, visiblement mieux préparés au plan sanitaire, ont réduit le coût économique. En réalité, le fait de savoir si notre pays parviendra à éviter un décrochage dépend beaucoup dépendra de la carte qui sera dévoilée cet après-midi. C’est elle qui déterminera si un déconfinement plus large peut intervenir. À condition que les Français suivent.

 

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