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Le déni du toit, une mort annoncée
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Le déni du toit, une mort annoncée

RCF,  -  Modifié le 12 avril 2019
Le Collectif "les morts de la rue" a rendu hommage le 2 avril dernier aux 566 personnes fauchées en 2018 par la mort, faute d’un abri.
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Seraient-elles si transparentes que la société –vous, moi - leur refuse un toit, leur interdisant alors d’être soi, laissant la mort faire son œuvre de dévastation. Les SDF ne sont pas hors des radars. On ne veut pas les voir, quand bien même on évalue leur nombre, désertant l’obligation éthique et juridique de leur trouver une place.
 
La misère paralyserait-elle l’intelligence du cœur jusqu’à nous rendre insensibles à cette déchirure sociale qui fracture la vie. Le constat est terrible. Ne nous payons pas de mots, il s’agit d’un drame que nous connaissons et auquel nous n’apportons pas l’attention qu’il mérite alors que, d’année en année, il augmente : 501 en 2016, 510 en 2017, 566 en 2018.
 
Si l’enfer est de ne voir le visage de personne, ces femmes et ces hommes, dénommés souvent les invisibles, l’ont éprouvé en raison de nos enfermements. Que fait-on du devoir d’assistance à la personne en danger. La rue est mortifère, comme le souligne le rapport qui vient d’être rendu : un enfant d’un mois, des jeunes gens de 16, 17, 19, 22, 24 ans ont trouvé la mort comme des adultes dans la force de l’âge. Le grand âge est peu connu des sans-domicile, tant les épreuves les usent ; la vie leur est volée.
 
Quelle iniquité et surtout quel cynisme ! Une vie longue pour désormais la très grande majorité, sauf pour les plus pauvres. Qu’importe s’ils disparaissent ! Terrible et pourtant l’indignation est facile, plus difficile la mobilisation qui pourtant ne saurait être une option, ni une promesse.
 
Tous, nous devons nous lever pour ne pas se contenter des mots annonciateurs de la disparition du sans-abrisme dans un horizon proche. La mort, elle, s’approche et n’attend pas. Il convient, non point de réagir mais d’agir ici et maintenant. Ce doit être une priorité, une grande cause nationale, s’agissant des droits de l’homme qui ne peuvent être une simple déclaration mais un devoir absolu pour ne point consentir à un passéisme mortifère.
 
Que s’écroulent enfin les murailles de l’indifférence. Des pensions de famille doivent se construire, des places dans des établissements médicosociaux éligibles à l’aide sociale doivent s’ouvrir, des résidences autonomies doivent être réservées à ceux que la rue condamne.
 
Des collocations sont à développer, comme il en existe actuellement avec des résultats fort judicieux, permettant à la personne exclue d’habiter sa dignité. Il serait injuste de considérer que rien n’est fait ; des maraudes existent, c’est dire que, dans la nuit, bien de nos concitoyens, au lieu de rester dans la quiétude de leur logement, s’approchent de ceux qui n’ayant pas de toit, se réfugient dans les couloirs des métros, sur des bouches d’aération, ou encore derrière les piles des ponts, cherchant à se protéger pour tenter de rester en vie.
 
Que fait-on du droit au logement pour tous alors qu’il participe au droit à la vie. Des logements sont vacants. Je suis peu enclin à la réquisition, mais dans ce cas précis comment ne pas la mettre en œuvre, s’agissant de faire vite pour lutter contre la mort qui ne laisse aucun répit. Heureuses, ces décisions qui ont agrandi la maison commune.

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