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Le pape et la bombe
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Le pape et la bombe

RCF,  -  Modifié le 29 novembre 2019
À Nagasaki le pape François a clairement condamné non seulement l'utilisation de l'arme nucléaire, mais également sa possession par les États à des fins de dissuasion.
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Cette prise de position du pape va plus loin que la parole habituelle de l’Église, mais ne saurait complètement surprendre.

D'une part parce que la dissuasion nucléaire vient menacer dans un même geste les forces combattantes et les populations civiles, ce qui est assurément contraire au droit de la guerre. D’autre part, la menace nucléaire est en soi une réponse disproportionnée par rapport à un acte d’agression, en contradiction avec ce que l'Église a toujours prôné dans la théorie de la guerre juste.
 
Les spécialistes ont beau jeu de rappeler que les doctrine de la dissuasion nucléaire ont évolué, passant de la théorie des représailles massives à celle de la riposte graduée qui préconise un emploi progressif de l’arme nucléaire. On peut pourtant être sceptique sur la véritable graduation de cette menace. D’autant qu’il paraît impossible de l’utiliser sans que les populations civiles en soient les principales victimes.
 
Reste un argument beaucoup plus difficile à contrer par les temps qui courent : celui de l'inquiétude de voir des pays liés au terrorisme islamiste posséder l'arme nucléaire. De ce fait, le désarmement semble aujourd'hui difficilement envisageable pour des pays comme les États-Unis, la Russie ou la France.
 
Il faut remettre les propos du pape dans leur contexte et pour ce qu'ils sont. Jamais un pape ne pourra se substituer au pouvoir souverain des États.  Ce serait une confusion théologico-politique insupportable. Les propos du pape François ne sont donc pas normatifs, y compris pour des catholiques. Mais ils ne sont pas non plus à considérer comme des paroles pieuses sans aucune valeur.

Le pape incite les dirigeants du monde entier à abandonner les armes nucléaires dans un processus de concertation mondiale. Ce discours prophétique a deux vertus : non seulement, il rappelle le cap qui est celui de la paix ; mais en plus il fournit la méthode, la concertation. C'est maintenant aux pouvoirs politiques de jouer, dans leur propre domaine de responsabilité, en laissant éclairer leur conscience par la voix singulière du premier des catholiques.
 

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