Ce 22ème voyage au total est un déplacement important, pour le père Juan Dejo. "Je crois que désormais le pape a ce regard global et c’est la sixième fois qu’il va visiter des endroits qui souffrent jusqu’à maintenant de l’exclusion et de la marginalité. Symboliquement, il a choisi des endroits au Chili et au Pérou pour représenter cette manière de voir l’Église et d’accueillir ceux qui sont dans les périphéries" explique-t-il.
Le pape François est, on le sait, originaire d’Amérique du sud. Ce qui, pour le père Juan Dejo, lui octroie un certain regard et une certaine forme de réflexion, lorsqu’il s’adresse à tout le monde. "C’est cela qui nourrit son discours, mais également sa théologie" ajoute le jésuite. Quoi qu’il en soit, le Saint Père débarque ce soir au Chili, dans un contexte politique particulier.
"Au mois de décembre, ont été organisées des élections au Chili. C’est le parti de centre-droite qui a gagné. À cause de certains événements qui ont joué contre l’actuelle présidente, Michelle Bachelet, quelques affaires de corruption. Le Chili est très instable si l’on compare à d’autres pays d’Amérique latine" analyse le père Juan Dejo. Un état de fait dû "au poison qui mine la politique de l’Amérique latine depuis quelques années, la corruption". Conséquence de cela, un nouveau président, Sebastian Pinera, a été élu.
Côté religion, "dans toute l’Amérique latine, l’Église catholique est encore la plus importante au niveau statistiques. Mais la situation n’est pas gagnée. C’est pourquoi la présence du pape en Amérique latine, c’est une manière de dire que même si c’est un continent où l’on est très fier de sa catholicité, il n’empêche que les groupes évangéliques et l’athéisme commence à augmenter" rappelle le jésuite.
Au Pérou, la situation religieuse est bien différente. "La tradition religieuse est très enracinée dans les traditions populaires, qui viennent des temps pré-hispaniques. Ce qui nous distingue, c’est ce travail interculturel. Ce qui produit une théologie particulière, appelée religiosité populaire, ancrée dans une sensibilité que l’on ne peut pas éviter. Le pape reconnaît dans cette sensibilité religieuse un potentiel pour la pensée théologique" analyse le père Dejo.
L’Eglise catholique du Pérou est aujourd’hui confrontée à de nombreux défis. "Les problèmes sociaux, l’exclusion, la pauvreté. Et l’Eglise n’a pas encore une influence sur la conscience des gens qui se disent catholiques, qui font de la politique, et qui ne font pas une politique qui aille de paire avec la conscience de la justice" précise encore le jésuite.
Ce sixième voyage en Amérique latine de François s’inscrit enfin dans la préparation du synode pour l’Amazonie, prévu pour 2019. "Vendredi prochain, le pape François se rentra à Puerto Maldonado, une région blessée par l’extraction illégale des mines. Il y a plusieurs régions de cette partie du pays qui ont été exploitées. Cela ne produit pas seulement des dommages contre l’environnement, mais également une catastrophe sociale. Des enfants y travaillent, ils y sont exploités. C’est une gangrène pour notre société" conclut le père Dejo.
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