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Le rétropédalage du gouvernement sur les droits de succession
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Le rétropédalage du gouvernement sur les droits de succession

RCF,  -  Modifié le 20 septembre 2018
Emmanuel Macron a exclu dimanche de modifier les droits de succession durant le quinquennat, Vincent de Féligonde revient sur ces déclarations.
Fanny Cohen Moreau Fanny Cohen Moreau

Le président n’a pas mâché ses mots – et l’a fait savoir - : «Arrêtez d’emmerder les retraités », a-t-il dit à ses collaborateurs. Après la hausse de 3,2 points de la CSG en début d’année, qui avait touché 4 retraités sur 10, et l’annonce d’une hausse des pensions plus faible que l’inflation l’an prochain et en 2020 – seulement +0,3% alors que la hausse des prix tutoie désormais les 2%, le président juge que les retraités ont suffisamment été mis à contribution pour le redressement des finances publiques.

Vous connaissez sans doute l’expression selon laquelle « le foot est un sport qui se joue à onze et à la fin, c’est l’Allemagne qui gagne ». Eh bien, en matière de réforme fiscale, les Français pensent qu’à la fin, « c’est le fisc qui gagne ». Les impôts, c’est de la dynamite. Y toucher, c’est prendre des risques. En baisse dans les sondages en ce début d’automne, Emmanuel Macron n’a pas oublié ce qu’il a vu quand il était à l’Elysée aux côtés de François Hollande. Ce dernier ne s’est jamais vraiment remis du « ras le bol fiscal ».

Mais sur le fond, je pense que Christophe Castaner avait raison de lancer ce débat. Cette réforme était en phase avec l’une des idées centrale du Macronisme, dont je vous ai parlé la semaine dernière à propos du plan pauvreté : la lutte contre le « déterminisme social ». Le fait que quand on naît pauvre, on reste pauvre toute sa vie, et que quand on naît riche, on le reste aussi. C’est particulièrement le cas en France - et de plus en plus - : porté par la flambée du prix de l’immobilier, le patrimoine des Français croît depuis une vingtaine d’années nettement plus vite que leur revenu.

L’argent des successions représentait un dixième du revenu annuel des Français en 1980. Désormais, c’est près de 20%. Et en 2050, ce sera 25%. Leurs destins individuels dépendront moins de l’évolution de leur revenu et beaucoup plus que de l’importance de l’héritage qu’ils auront reçu : la reproduction sociale jouera à plein. Pour corriger cela, il faut taxer les successions. J’irai même plus loin : en supprimant l’ISF, le président a cherché à envoyer le message suivant : la France veut récompenser l’enrichissement par le talent, le travail et l’innovation. En clair, la prise de risque en cours de vie. C’était audible. Mais le corollaire de cette suppression aurait dû être une plus grande taxation des grosses successions afin de rétablir quelque peu l’égalité des chances à la naissance. Il y renoncé. C’est dommage.

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