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Le silence des sans-abris
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Le silence des sans-abris

RCF,  -  Modifié le 8 mai 2020
​Le silence des sans-abri ne signerait-il pas leur désespoir. Comme chaque semaine Bernard Devert partage avec nous son regarde sur les souffrances du monde.
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L’ancien monde, le nouveau monde, des formules faciles témoignant de la nostalgie ou du jugement des uns et
de l’espoir des autres, tinté de l’heureuse utopie que, de cette crise, peut naître une transformation des relations.
L’enjeu est si décisif que nous ne pouvons pas nous payer de mots.
Refuser les graves iniquités nécessite que les changements - auxquels nous aspirons comme beaucoup -
permettent aux plus fragiles de s’en sortir. Alors, seulement, naîtra l’esquisse d’un monde plus humain s’attachant
au prendre-soin. Il est facile de le souhaiter, plus difficile de le bâtir.
Cette urgence sociale, économique et spirituelle ne peut pas être désertée.
Les croyants et les hommes de bonne volonté se trouvent interrogés par la fracture sociale que le confinement a
donné à voir avec un triste éclat.
Si les abîmes étaient connus, soudain, ils apparurent pour ce qu’ils étaient, tragiques et insupportables.
Le danger a mis à terre les puissants et les humbles, n’ayant pas d’autre échappée que de se cacher pour se
mettre à distance du virus.
Qu’en est-il des ‘recalés de l’accès au logement’ que sont les sans-abri ? Ils lisaient, entendaient : restez chez
vous, prenez-soin de vous et des autres. Ils comprirent que cette protection à minima n’était pas pour eux.
Quelle injustice !
L’assistance à personne en danger, ce droit multiséculaire, ne serait-il pas laissé en déshérence, soulignant la
dévaluation du risque de la rue.
Les Pouvoirs Publics se sont fortement engagés, n’hésitant pas à réquisitionner des hôtels pour les plus fragiles,
tant l’urgence était criante.
Des mesures ont été retenues sous l’égide de Fondations et de personnalités du monde de l’entreprise, tel M.
Alain Mérieux qui, avec l’Entreprise des Possibles, ne cesse de se mobiliser contre le mépris des plus pauvres, si
oubliés qu’ils sont à la merci de tout.
Seulement la distanciation sociale imposée s’est avérée difficile pour les sans-abri. Ne constituent-ils pas un
monde à part, celui des invisibles. Nombre d’entre eux sont restés étrangers à l’égard de ces propositions,
craignant de perdre la place qu’ils avaient dans un squat. Ce pauvre abri souvent délabré et sans sécurité,
demeurait une ultime bouée, évitant le naufrage.
Des crédits considérables - et il n’y a pas lieu de s’en attrister - viennent d’être annoncés pour atténuer les effets
de la crise sanitaire. Les sans-abri resteront-ils encore les premiers oubliés pour être les derniers de notre
société.
Insupportable !
Dans quelques jours, le déconfinement interviendra. Il ne saurait être celui du confinement des plus vulnérables
dans des cloaques, la rue ou les abris cachant leur infortune.
Des mamans enceintes, des mères isolées avec leurs enfants ne peuvent être renvoyés à la rue, sauf à ce que
l’espérance qui habite l’après-crise soit alors brisée par cette coupable indifférence.
Oui, un maître-mot doit guider notre réflexion et notre action : protéger la vie ; comment mieux le faire que de
donner un toit à ceux qui ne l’ont pas ou plus.
Ensemble, agissons.

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