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Le test social des réformes
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Le test social des réformes

RCF,  -  Modifié le 21 mars 2018
Alors qu'Emmanuel Macron poursuit ses ambitions réformatrices, François Ernenwein s'interroge : allons-nous vers un printemps dominé par la question sociale ?
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Signe d’un certain agacement du pouvoir. Le président envoie des messages pas toujours très contrôlés à la presse et critique ses dérives supposées. Ingratitude sans doute chez celui qui a largement bénéficié de la bienveillance des médias.

Cet énervement s’explique sans doute par une passe assez difficile dans la progression de l’exécutif : les premières réformes commencent à distiller leurs effets et ils ne pas toujours très agréables pour ceux qui sont concernés. Les amortisseurs imaginés comme la suppression de la taxe d’habitation ne seront mis en place qu’en 2020.  

Ce contexte produit mécaniquement des résultats : une baisse significative de la popularité de l’exécutif et l’annonce jeudi prochain 22 mars d’une grève des fonctionnaires, des cheminots qui sera suivie à partir du 8 avril d’une grève perlée à la SNCF qui pourrait durer jusqu’à la fin juin.  

Allons-nous ainsi vers un printemps dominé par la question sociale ? Des commentateurs vont répétant que 2018 ne pourra pas être 1995… Ils prêtent beaucoup à l’habileté du pouvoir qui a choisi de ne pas s’attaquer aux retraites à la SNCF, qui prend de vitesse les partenaires sociaux en ouvrant mille chantiers en même temps. Mais dans cette griserie de  la réforme portée par une logique principalement comptable, difficile de montrer clairement le sens et les effets de chacun de ces chantiers cumulés. D’où ces polémiques sur la hausse de la CSG pour certains retraités.   

La tactique gouvernementale tente pourtant d’user de cette accélération pour désamorcer ou décrédibiliser les diverses oppositions : les marges laissées à la négociation - qui fonde le dialogue social - sont faibles. Le gouvernement l’a remplacé par la consultation. Ce glissement sémantique va jusqu’à transformer en profondeur les pratiques : le gouvernement arrive autour de la table des discussions avec des objectifs de réforme calibrés. Les syndicats sont consultés pour aider à bâtir les modalités pour les atteindre. Et comme ils sont divisés, concurrents et porteurs d’intérêts contradictoires, ils sont pris en étau.

Sur beaucoup de ces sujets controversés, Emmanuel Macron par ailleurs a le soutien de l’opinion. En France, la pédagogie de la réforme a gagné des parts de marché.

La description de ce contexte un peu difficile n’implique pas de renoncer à l’ambition réformatrice qui a conduit Emmanuel Macron à l’Elysée et lui a donné une majorité introuvable. Mais toutes les résistances ne pourront pas être vaincues par l’habileté et par l’accélération d’un rythme qui est sans doute un peu effréné. L’exécutif doit maintenant rassurer. C’est une invitation à la prudence méthodologique, au rééquilibrage des politiques conduites vers plus de justice sociale et à un accompagnement explicite sur le sens de ces transformations.
 
 
 

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