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"Les pauvres, on s’en fout !"
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"Les pauvres, on s’en fout !"

RCF,  -  Modifié le 18 septembre 2018
Chaque mardi Jean-Marie Valentin propose son regard sur l'actualité et revient sur le plan pauvreté.
Fanny Cohen Moreau Fanny Cohen Moreau

Je dois d’abord vous partager mon étonnement sur le traitement de ce sujet par la plupart des médias de ce pays qui y ont vu de la part de notre président, surtout une stratégie de recentrage à gauche après avoir trop longtemps regardé vers la droite. Comme si on comptait les points. Vous savez  : 1 point pour les riches, 1 point pour les pauvres ! 

L’affaire semble entendue : le problème de la pauvreté en France est un problème politique - de gauche donc - qui relève exclusivement du monde associatif et de secteur dit de l’économie sociale et solidaire. Et nous entrepreneurs et dirigeants d’entreprises de l’économie traditionnelle – et forcément à droite donc – les pauvres, on s’en fout ! Et c’est vrai qu’en jetant un œil sur les sites internet du Medef ou de la CPME, on peut croire que visiblement le plan pauvreté, ça ne les a pas passionnés !

Mon point de vue c’est que la pauvreté, ce n’est pas un concept politique, statistique ou sociologique. La pauvreté n’est pas affaire de spécialistes. Il n’y a pas d’un côté les riches « ceux qui réussissent » dans un monde aseptisé et de l’autre les pauvres « ceux qui ne sont rien », vous savez, dans un monde parallèle. 

La pauvreté, c’est un copain qui fait un AVC à 50 ans. C’est nos enfants qui ne trouvent pas de boulot. C’est nos collaborateurs qui ne savent pas lire ou qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts avec les salaires qu’on leur verse. C’est ce père de famille qu’on licencie. Ou ce demandeur d’emploi qu’on n’embauchera pas. C’est ce gars qui nous tend la main sur le trottoir. C’est aussi cet entrepreneur qui dépose le bilan.

La pauvreté, c’est la marque de notre humanité. C’est notre affaire à tous. Quel est notre regard sur le plus fragile ? Sur le plus pauvre ? Et plus nous exerçons de responsabilités auprès de nos frères, plus leur pauvreté doit devenir le champ prioritaire de notre action. C’est ce que la doctrine sociale de l’Eglise appelle l’option préférentielle pour les plus fragiles.

Attendre d’une loi qu’elle résolve ce défi, c’est déjà une forme d’échec. La prise en compte de nos pauvretés, de celles de nos collaborateurs, des personnes en marge de la scène économique fait partie intégrante de la responsabilité sociétale de l’entreprise. Beaucoup de dirigeants le savent et s’engagent personnellement dans ce combat quotidien. Il faut que chacun à sa mesure, dans son champ de responsabilité et d’autorité continue et amplifie ce combat, car la considération que l’on a pour nos pauvretés, est aussi la marque de notre humanité.

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