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​Les riches ont fait sécession
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​Les riches ont fait sécession

RCF,  -  Modifié le 29 novembre 2018
Samuel Grzybowski revient sur les annonces du président de la république suite aux protestations des gilets jaunes.
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Ici la vraie vie, les Français parlent aux Français, le top ne répond plus. Mayday Mayday Mayday, avons-nous perdu toutes les communications ?

Jamais les plus riches de notre pays n’avaient été aussi égoïstes, individualistes et isolés du reste de la société ! Il serait téméraire de désigner un responsable ou un bouc émissaire, me dira-t-on, mais la réalité est sans équivoque : oui les riches ont fait sécession ! Nous sommes une Nation. Parmi nous, les 1% les plus fortunés - ayant eu la capacité par le mérite mais aussi la chance, l’héritage, la vie, les opportunités, d’accumuler des biens de manière importante et durable – participaient auparavant en première ligne à l’effort de l’intérêt général et du bien commun.

Depuis la fin de l’ISF les grands gagnants sont donc ces 1% qui économisent des avoirs dont ils avaient appris à se passer, et dont ils n’avaient surtout pas besoin, même s’ils en avaient envie.
La fin de l’ISF c’est une perte de 3 milliards d’euros de dons aux associations qui n’ont été compensés par aucune politique publique. Ce sont les plus petites structures qui sont les plus touchées, les associations de proximité, les clubs de sport, peinture, culture, aventure. Les géants de la solidarité et de l’humanitaire en France, comme les restos du Cœur ou la Fondation Abbé Pierre déplorent une baisse de la générosité de 6%. La baisse du don est l’abolition de l’ISF sont liées. Les riches ne sont pas généreux pas nature, ils le sont soit par contrainte pour la plupart, soit par choix personnel pour une infime minorité.

La Fondation Jean-Jaurés publie une étude sur le comportement de repli qui caractérise les plus riches depuis 1985, et ce repli est spectaculaire. Les 60 familles les plus riches de France possèdent à elles seules la moitié de la valeur disponible en France. Ce séparatisme social pointé par l’auteur de l’étude, Jérôme Fourquet, s’incarne par une incapacité à fréquenter des personnes issues d’un autre univers économique que le sien, notamment en investissant des centres-villes où les résidents sont toujours de plus en plus riches et donc de moins en moins nombreux sur des surfaces habitables toujours plus grandes par individu. C’est ainsi que la population de Paris baisse par exemple.

Si seulement 1% des Français gagne plus de 3 000€ net chaque mois, ces 10% là ne connaissent que très peu de personnes faisant partie des 99% restants et assimilent les besoins de leur entourage aux besoins des Français. Et puis tout simplement il est bon de se rappeler que la part de la valeur ajoutée attribuée à la rémunération du capital, c’est à dire à une toute petite minorité d’actionnaires, a doublé en France depuis quinze ans, alors que la part attribuée au travail, c’est à dire à l’augmentation des salaires a presque stagné sur la même période.

Pour sortir de ce séparatisme il faudrait un volontarisme politique et coercitif, mais comme la finance est désormais mondiale, nous aurions besoin d’une gouvernance nécessairement mondiale. Dans plusieurs siècles, la mémoire collective célébrera la fin de l’esclavage, de la peine de mort, du colonialisme et… du capitalisme ! La question reste aujourd’hui la date de cette abolition, nécessaire et inévitable.
 

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