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Les vacances : la dernière utopie
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Les vacances : la dernière utopie

RCF,  -  Modifié le 5 juillet 2018
Les vacances sont notre dernière utopie, car elles inaugurent, chaque année, un nouveau mode d’être, de vivre et d’exister.
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Juillet. L’été s’installe. Les vacances approchent. Et si les congés payés étaient notre dernière utopie ? Celle qui a su résister au vent de l’histoire et à la brutale sanction de la réalité. Les vacances sont notre dernière utopie, car elles inaugurent, chaque année, un nouveau mode d’être, de vivre et d’exister. Elles dessinent un monde libéré des contraintes et des horaires. Un monde libéré de la routine, libéré du quotidien lui-même. Un monde où règne l’éternité.

Les vacances réalisent ainsi ce rêve un peu fou du poète : "Ô temps, suspens ton vol, et vous heures propices ! / suspendez votre cours : / Laissez-nous savourer les rapides délices / des plus beaux de nos jours."

Si la vie en vacances paraît plus belle et plus libre - en un mot, plus vivante - c’est parce qu’elle se vit comme si le temps était suspendu. Aboli. Elles s’étalent devant nous, ces journées resplendissantes de l’été, comme si elles ne devaient jamais finir, comme si le minutage, le tic-tac infernal des montres, avaient pris fin. Pour un peu, on se croirait immortel.

Si on se sent libre en vacances, c’est avant tout parce qu’on y vit dans cette sorte d’éternel présent, d’où les heures elles-mêmes ont disparu. N’avez-vous pas remarqué le nombre de fois où l’on y demande, un peu somnolent, un rien indolent : "Dis, quelle heure est-il ?" Il n’est aucune heure : les heures ont disparu. Nous sommes en vacances. Et chaque année, pour nous consoler de cette vie d’horaires et de contraintes, où la montre règne en maître, nous filons en utopie. Nous partons en vacances.

Hans Blumenberg - sans doute l’un des plus importants philosophes de ces dernières années - décrivait les vacances comme la régression vers un stade infantile, d’où la réalité a magiquement été escamotée : pouf, disparue. Et où l’on savoure alors l’illusion de vivre dans un temps où le temps lui-même n’existe plus. Où la dure loi de la réalité, avec ses contraintes et ses impératifs, a été suspendue.

L’homme est cet être qui vit d’illusions, qui cherche partout des consolations. Et la plus efficace de toutes reste encore les vacances. Alors : bonnes vacances à vous !

 

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