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Lettre, au singulier et au pluriel
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Lettre, au singulier et au pluriel

RCF,  -  Modifié le 22 octobre 2018
Chaque jour Jean Pruvost décrypte un mot en lien avec l'actualité.
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Lettre, voilà un mot qui a bien des sens, qu’il s’agisse au singulier de la lettre bien calligraphiée, ou bien de la lettre, texte plus ou moins long que l’on reçoit ou que l’on envoie, ou encore, au pluriel, du fait d’avoir ou de n’avoir pas de lettres, sous-entendant le fait d’avoir déjà beaucoup lu ou pas encore assez. Voilà trois sens distincts, dont on perçoit confusément cependant les liens. Que l’on va essayer de décrypter.

Il faut remonter au latin littera, qui a donc donné ces différents types de lettres. Mais quelle est l’origine de littera ? Elle est obscure, confessent les étymologistes : à dire vrai, il est bon qu’il y ait, pour ce
qui nous est essentiel, un peu de mystère ! En latin et au singulier, littera signifie donc tout d’abord « caractère d’écriture ». Ce n’est qu’en second, au pluriel, qu’il s’agit de la missive envoyée ou d’un texte. En vérité, c’est logique, une lettre de l’alphabet ne donne aucun message, mais avec deux lettres on a déjà un mot, et avec un ensemble de mots, on peut écrire une missive, une histoire.

Il faut de fait distinguer deux familles, l’une sur la lettre au singulier et une autre au pluriel. À partir du signe graphique, voici la lettrine, jolie lettre de début d’un texte, puis l’adjectif littéral, qui procède lettre à lettre, une copie littérale, Ou encore le verbe oblitérer, étymologiquement « effacer les lettres », d’où une sculpture oblitérée par le temps, et un timbre oblitéré, dont on efface en somme un second usage possible. S’y rattache aussi l’allitération, la répétition volontaire d’une lettre : « pour qui sont ces serpents qui sifflent ? », et trilitère, par exemple un mot trilitère, de trois lettres : m o t... c’est mieux que s o t…

C’est en 1170 qu’apparaissent les lettres en tant qu’écrit envoyé à quelqu’un, mais aussi la lettre officielle. D’où plus tard la lettre morte, un texte qui n’a plus de valeur juridique, donc inutile. Quant à l’homme
de lettres, il faut attendre 1580. Et s’il y a des lettres qui nous réjouissent nous émeuvent, il y a deux lettres à honnir : la lettre de cachet, attestée en 1625, lettre au cachet du roi annonçant un  emprisonnement ou un exil, et la lettre anonyme, billet d’où : o-ù ? interrogent les verbicrucistes. Nous, notre choix est fait : on lira avec le plus grand intérêt et celles publiées dans La Croix.

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