"Maman je t'aime"

Voyez-vous Stéphanie, après chacune de mes chroniques à votre antenne, je reçois un petit sms de ma maman, comme une marque d’affection. Attentive, bienveillante, comme elle l’a toujours été, elle m’écoute avec plus d’acuité que quiconque. Elle comprend mes sous-entendus. Elle sait quand je parle de moi en parlant des autres. Elle me connait par cœur.

Ma mère voyez-vous fait partie de ces femmes que notre société ne voit plus alors qu’elles sont des reines ! Je suis régulièrement peiné de voir certaines de mes amies redouter dans les diners en ville qu’on leur demande ce qu’elles font comme travail. De peur de devoir répondre : « je ne travaille pas, je suis mère au foyer » ! Tant la norme est puissante, tant le travail semble avoir de la valeur que s’il est salarié !

Quel travail acharné, quel travail rigoureux, ma mère et toutes ces femmes ont déployé et déploient encore au service de leurs enfants, des enfants des autres, des plus fragiles, au service aussi de nos associations, de nos communautés, de nos écoles, de nos quartiers ! 

Vous savez, bénévoles comme le sont les abeilles dans les vergers. Personne ne les paye évidemment, mais leur travail n’a pas de prix et leur agonie nous fait prendre conscience qu’elles nous sont indispensables pour vivre. 

Quand je suis rentré du Customer Electronic Show de Las Vegas, le plus grand salon technologique du monde, ayant compris que le monde nouveau qu’on nous promet est un monde pensé par des hommes, pour des hommes qui par ailleurs nient l’altérité homme-femme tout en déplorant l’absence quasi-totale de mixité dans leurs entreprises, j’ai dit à ma fille : il faut que tu deviennes entrepreneur, chercheuse, développeuse ou ingénieur informatique. Ce monde va avoir besoin de ta féminité.

Mais je vous pose une question ce matin : Ma fille a-t-elle encore le droit de rêver d’être, tout simplement, comme sa grand-mère ? Maman je t’aime. J’attends ton sms !