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Manifestations, grèves: le test social pour Emmanuel Macron et son gouvernement
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Manifestations, grèves: le test social pour Emmanuel Macron et son gouvernement

RCF,  -  Modifié le 22 mars 2018
​Emmanuel Macron et son gouvernement vont passer aujourd’hui leur plus gros test social, avec des manifestations et grèves dans les transports.
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Un peu plus de dix mois après son élection, cette journée va éprouver leur capacité à mener à bien les réformes, en dépit d’une impopularité grandissante.

Tout d’abord, sept syndicats appellent à la grève pour le pouvoir d'achat et la défense du statut dans la fonction publique territoriale, hospitalière et d'État. Plus de 140 manifestations sont annoncées dans toute la France. Une première journée d'action le 10 octobre avait rassemblé des centaines de milliers de personnes.

A cela s’ajoute la journée de «manifestation nationale» des cheminots, prélude à la l'inédite «grève en pointillé» annoncée entre début avril et fin juin par les syndicats de la SNCF contre la réforme ferroviaire. Matignon attend une «forte» mobilisation dans les transports, avec seulement 40% des TGV, 25% des Intercités, la moitié des TER et 30% des trains en Ile-de-France.

Hier, au conseil des ministres, le chef de l'Etat a lui demandé «de poursuivre la pédagogie». Il doit afficher « une attitude d'écoute mais aussi une très grande détermination à poursuivre des réformes », qui « correspondent au vœu profond des Français et au mandat qu’ils ont confié à Emmanuel Macron ».

Du côté de l’Elysée, on se veut confiant : «Nous sommes dans une configuration qui ressemble à celle de la rentrée 2017», lorsque la mobilisation contre la réforme du droit du travail s'était essoufflée au bout de quelques semaines, juge-t-on au palais présidentiel. En réalité, l'essentiel pour l'exécutif est que la «concertation» avec les syndicats sur la réforme du rail, menée par la ministre des Transports Elisabeth Borne se poursuive.

Comme le dit ce matin dans La Croix le politologue Jean-Marie Pernot, spécialiste du syndicalisme et des mouvements sociaux, « les syndicats sont pris de court par la vitesse avec laquelle le chef de l’État réforme. À peine une opposition se construit sur un sujet qu’un autre est sur la table ». Certains observateurs estiment que pour Emmanuel Macron, accélérer la réforme de la SNCF n’est pas anodin, car il s’agit du dernier bastion emblématique du mouvement syndical. Pour le chef de l’Etat, les cheminots pourraient être ce qu’ont été les mineurs pour Margaret Thatcher, en 1984-85 : le dernier représentant d’un « monde ancien » avec lequel il faut rompre.

La grève «en pointillé» - deux jours sur cinq par semaine - peut être lue comme un signe que les syndicats sont trop affaiblis pour lancer de front une grève totale. Mais c’est aussi une stratégie pour tenir trois mois en limitant l'impact sur les salaires des cheminots, tout en menant un mouvement «IN-GE-RABLE» pour les dirigeants de l'entreprise publique et le gouvernement », comme l’a prédit la CGT cheminot - ce qui a créé une forte tension avec la direction.

Mais il faut se garder de toute prédiction. Comme je vous le rappelais il y a trois semaines, à son annonce en 1995, le plan Juppé avait tout d’abord obtenu le soutien de la CFDT et d’une partie du PS. Puis l’opinion publique avait basculé en faveur des grévistes, malgré les blocages.

Le choix de la date n’est d’ailleurs sans doute pas innocent. Le mouvement du 22 mars, qui revendiquait entre autre la possibilité pour les garçons d'aller dans les chambres des filles de la résidence universitaire, est considéré l'un des éléments déclencheurs de mai 68…
 

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